Après les explosions meurtrières du port de Beyrouth le 4 août 2020, la communauté artistique internationale a uni ses forces pour aider la scène culturelle de la capitale libanaise.
Le Centre Pompidou, à Paris, vient notamment de dévoiler trois peintures endommagées provenant de la collection du musée Sursock de Beyrouth, qu’il a restaurées.
« Ma première réaction a été le choc, déclare Karina El Helou, directrice du musée, à propos des dégâts subis par les œuvres. Nous avions un plan de conservation et toutes ces années de dur labeur ont disparu en une seconde ».
Après une restauration de deux ans et demi, les pièces sont actuellement exposées au Centre Pompidou jusqu’à leur retour au Liban pour la réouverture du musée en mai 2023. Leur exposition symbolise également « les liens historiques et l’amitié entre le Liban et la France », affirme la directrice.
Les tableaux ont été peints par de grands créateurs du XXe siècle : le peintre franco-néerlandais Kees van Dongen, l’artiste croato-libanais Cici Tommaseo Sursock et le Libano-Arménien Paul Guiragossian. « Chaque œuvre avait son propre défi », explique Karina El Helou.
Le portrait de Van Dongen dépeint le collectionneur d’art libanais et fondateur du musée Nicolas Ibrahim Sursock, qui a rencontré l’artiste lors d’une visite au Liban. Le tableau, dont la toile a dû être recousue au verso, présentait une grande déchirure au niveau du front du modèle.
L’œuvre de Cici Tommaseo Sursock, un portrait de l’artiste et mécène libanaise Odile Mazloum datant de 1967, dans les tons rouges, a subi plusieurs déchirures à différents endroits de la toile. Le tableau était en prêt au musée et sera rendu à son propriétaire. Selon Karina El Helou, l’un des aspects les plus délicats de sa restauration a été de choisir le bon ton de rouge.
L’œuvre de Guiragossian, intitulée Consolation, a été le tableau le plus difficile à restaurer, car l’explosion a entraîné la chute de certains de ses éléments. Exécuté à grands coups de pinceau, il n’a pas été entièrement restitué, en partie pour rappeler aux spectateurs l’horreur qui s’est produite.
Les trois tableaux emblématiques du musée Sursock de Beyrouth restaurés par les équipes du Centre Pompidou sont visibles au niveau 5 du Musée, Centre Pompidou, Paris