Bondé, le hall du musée Picasso-Paris accueillait lundi la troisième édition du prix Pierre Daix qui distingue chaque année l’ouvrage d’un.e histoirien.ne de l’art. C’est au livre Ce que le sida m’a fait – Art et activisme à la fin du XXe siècle de l’historienne et critique d’art Élisabeth Lebovici que le prix a été attribué « à l’unanimité » cette année. L’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon a salué avec les autres membres du jury « la qualité de la recherche historique menée par l’auteure », ainsi que l’éclairage fait sur ces « parcours et disciplines trop peu étudiées » jusqu’à présent. L’œuvre était en lice pour la victoire avec cinq autres titres parmi lesquels Les Figures pissantes de Jean-Claude Lebensztejn et Gabriële d’Anne et Claire Berest. Dotée de 10 000 euros, la récompense a été remise à l’auteure par le fondateur du prix et ami de Pierre Daix (décédé en 2014), François Pinault. Au moment de sa réception, Élisabeth Lebovici a tenu à souligner que son ouvrage primé avait été rédigé en écriture inclusive.
Fille du psychanalyste Serge Lebovici (1915-2000), Élisabeth Lebovici (soixante-quatre ans) a suivi des études d’histoire de l’art à Paris et à New York. Elle soutient en 1983 une thèse à Paris X sur « L’argent dans le discours des artistes américains, 1980-1981 » et entre, en 1991, à Libération. Elle y reste dix ans puis rejoint un temps Beaux Arts Magazine comme rédactrice en chef avant de collaborer avec Artpress. Si elle n’écrit plus pour aucun titre aujourd’hui, l’historienne de l’art continue d’écrire sur son blog le-beau-vice.blogspot.fr et donne des cours à l’EHESS. Elle est également l’auteure de l’ouvrage Femmes/artistes, artistes/femmes, Paris de 1880 à nos jours. Dans son récent ouvrage, la critique d’art revisite les liens entre art et activisme pendant les « années sida » en France et aux États-Unis. Rédigée à la première personne du singulier, l’œuvre se fait la voix de toute cette génération qui fut touchée par l’épidémie et s’est battue pour la reconnaissance de tous et toutes. Ce que le sida m’a fait est donc un témoignage personnel de l’auteure mais aussi une analyse de la place des artistes dans cette lutte contre le virus du sida.
Créé en 2015 par l’homme d’affaires François Pinault, le prix Pierre Daix rend hommage à ce dernier (1922-2014), lui-même journaliste, écrivain, historien de l’art spécialiste de Pablo Picasso (qu’il a fréquenté) et auteur de nombreux ouvrages sur des figures centrales du XXe siècle telles que Paul Gauguin, Nicolas de Staël ou Pablo Picasso.