Fabienne Leclerc a participé à l’aventure des premières éditions de 1-54 à Londres et à New York puis, en raison de réticences exprimées notamment par Otobong N’Kanga et Meschac Gaba devant des projets spécifiquement africains, elle n’y est pas retournée. Cette année, le fait que la foire se tienne sur le continent africain, ainsi que le nombre réduit d’exposants, plus propice aux rencontres de qualité, l’ont convaincue ; elle montrera Meschac Gaba, Otobong N’Kanga et Dominique Zinkpè.
« La scène africaine m’intéresse aussi peu que la scène française ! » s’exclame ironiquement Fabienne Leclerc. Sa galerie représente des artistes internationaux, parmi lesquels quelques-uns venant du continent africain, qu’elle a tous rencontrés, indépendamment les uns des autres.
Le premier d’entre eux a été Meschac Gaba, dont elle a découvert le travail à la Fiac, au début des années 2000, sur le stand de la galerie hollandaise Lumen Travo. « Par l’intermédiaire de son mari sénégalais, Marianne van Tilborg, la directrice de cette galerie, a une véritable proximité avec le continent africain. À Amsterdam, la Rijksakademie est aussi très tournée vers l’Afrique depuis longtemps. À l’époque, plus proche de Chris Dercon [nouveau directeur de la RMN-Grand Palais] que de Lionel Zinsou [homme d’affaires franco-béninois], Meschac Gaba voyageait beaucoup entre le Bénin, les Pays-Bas et l’Afrique du Sud, où il est représenté par la Stevenson Gallery. Nous nous sommes rencontrés et avons commencé à travailler ensemble. J’ai beaucoup aimé ses performances inspirées de rituels traditionnels. Au Bénin, il y a toujours eu une culture riche, et les artistes sont nombreux ; mais, sans musées ni galeries, l’art était dans la rue... »
La rencontre avec Dominique Zinkpè se produit lors d’un autre voyage au Bénin. « Il était alors le président de la Biennale de Cotonou et exposait dans un des palais d’Abomey, où il est installé. Proche de Bob Vallois, qui a créé sa fondation dans la banlieue de Cotonou, il s’occupe aussi d’une résidence d’artistes. Finalement, c’est Barthélémy Toguo qui me l’a présenté. »
Des années plus tard, à la Biennale de Sharjah, aux Émirats arabes unis, Fabienne Leclerc a vu pour la première fois des œuvres de la Nigériane Otobong N’Kanga, avec qui elle a entamé une collaboration d’autant plus naturelle que celle-ci travaillait déjà avec Lumen Travo. « Ensuite, j’ai fait un voyage en Afrique du Sud où j’ai rencontré Athi-Patra Ruga. J’aimerais travailler avec d’autres artistes africains. À la différence du continent sud-américain, par exemple, il n’y a pas de mainmise des États-Unis. Mais c’est à chaque fois une question de rencontre. » Après le déménagement de sa galerie à Romainville, prévu en septembre 2019, si Fabienne Leclerc ouvrait un nouveau lieu, elle aimerait que ce soit en Afrique.
In Situ – Fabienne Leclerc, 14, boulevard de la Chapelle, 75018 Paris
43 Rue de la Commune de Paris, 93230 Romainville