La procédure aura été longue depuis le départ annoncé puis effectif en janvier de Jean de Loisy du Palais de Tokyo, une attente qui commençait à peser sur les équipes et aurait pu impacter la programmation future de l’institution. Au terme d’un appel à candidature en bonne et due forme, Emma Lavigne devrait, selon nos informations, être nommée dans les tout prochains jours présidente de l’institution. L’exécutif a donc fait le choix d’une femme – une première pour le centre d’art contemporain –, qui plus est « tenace, pas commode même, très insistante, mais [qui] a un remarquable relationnel, et est une personnalité solaire », comme la qualifiait dans les colonnes de Libération l’an dernier Serge Lasvignes, président du Centre Pompidou.
Le Centre, Emma Lavigne le connaît bien pour l’avoir rejoint en tant que conservatrice pour l’art contemporain en 2008. Elle y a notamment organisé des expositions remarquées, comme celles consacrées à Pierre Huyghe en 2013-2014, et à Dominique Gonzalez-Foerster en 2015-2016. En 2015 justement, elle est nommée directrice du Centre Pompidou-Metz.
À la tête de cette importante institution en région, elle a imaginé une programmation ancrée dans l’art moderne, accueillant par exemple Oskar Schlemmer, mais faisant une large place à l’art contemporain, s’ouvrant aussi sur la musique et la danse, sa marque de fabrique depuis son passage par la Cité de la musique, à Paris, où elle avait organisé à partir de 2000 des expositions associant l’art contemporain et le son. Hors les murs, elle a par ailleurs été commissaire du pavillon français de Céleste Boursier-Mougenot à la Biennale de Venise en 2015 et de la Biennale de Lyon en 2017.
Moins spécialiste des scènes émergentes que certains autres candidats, disposant d’un profil plus muséal, Emma Lavigne maîtrise un spectre étendu de l’histoire de l’art et a l’avantage d’avoir acquis l’expérience de la gestion d’une institution. Elle devra aussi séduire des mécènes pour ce centre d’art au statut de société commerciale largement financé par le privé. Un beau défi pour la jeune femme à qui il appartient dorénavant d’écrire de nouvelles pages de l’histoire du Palais de Tokyo.