L’événement de cet automne – et certainement bien au-delà –, c’est l’exposition « Léonard de Vinci » qui ouvrira au public ce jeudi, 24 octobre, au musée du Louvre à Paris. L’institution attend une foule considérable, à tel point qu’elle a mis pour la première fois en place un système de réservation obligatoire d’un créneau horaire pour les visiteurs. Bien avant son ouverture, cette rétrospective organisée pour célébrer le 500e anniversaire de la mort de l’artiste, avait défrayé la chronique et alimenté toutes les spéculations. Allait-on enfin voir le Salvator Mundi adjugé à New York chez Christie’s le 15 novembre 2017 pour la somme record de 382,4 millions d’euros et qui a depuis « disparu » ? La réponse est non, même si les commissaires laissent encore planer le doute sur une arrivée tardive de l’œuvre. L’exposition que nous avons pu visiter, comprend néanmoins la « version Gamay », peinture certainement réalisée par un élève du peintre. Les relations diplomatiques compliquées ces dernières années entre la France et l’Italie et la volonté du Louvre d’organiser seul l’exposition n’ont pas permis au musée d’obtenir tous les prêts espérés. Le parcours ne comprend ainsi aucune œuvre autographe venant de la Galerie des Offices de Florence. Si ces tableaux ne voyagent pour ainsi dire jamais, ce n’est pas le cas du portrait de Ginevra de’ Benci de la National Gallery de Washington ou de La Dame à l’hermine du musée Czartoryski de Cracovie qui ne sont pas non plus présents au Louvre. Toutes les actions ont-elles été menées au plus haut sommet de l’État pour obtenir ces prêts comme André Malraux l’avait fait en son temps ? Au total le parcours comprend huit tableaux attribués à l’artiste dont quatre conservés au Louvre… Les commissaires ne présentent pas non plus La Vierge et l’Enfant qui rit, une sculpture récemment attribuée à Léonard de Vinci et considérée aujourd’hui comme une œuvre de jeunesse réalisée par l’artiste dans l’atelier de son maître Andrea del Verrocchio, et qui aurait eu toute sa place dans la première section de l’exposition intitulée « Ombre, lumière, relief ».
La distance qui sépare les œuvres de l’exposition de la Joconde, chef-d’œuvre absolu du peintre, se révèle in fine problématique, d’autant plus que la dernière section du parcours, consacrée aux années que passa Léonard en France, se révèle très réduite. Peut-être eût-il été plus judicieux de décrocher une partie des collections permanentes pour présenter la rétrospective à proximité de la Mona Lisa ? Outre l’exceptionnel ensemble de dessins offerts ici, l’un des points forts de l’exposition est constitué par la série des réflectographies infrarouge d’une sélection de peintures de l’artiste présentées grandeur nature, parfois même de tableaux dont le prêt n’a pu être obtenu. Elles permettent de comprendre les dessins préparatoires sous la couche picturale ainsi que les évolutions de la composition. Le Louvre apparaît ici dans son rôle en proposant une exposition à haut contenu scientifique faisant avancer la connaissance d’un artiste qui, à juste titre, ne cesse de fasciner.