L’aventure est parfois au coin de la rue. En l’occurrence, celle de la Commune de Paris à Romainville, en Seine-Saint-Denis. Hier, le monde de l’art est venu en nombre découvrir Komunuma, premier jalon essentiel d’un vaste projet de transformation d’une ancienne friche industrielle en pôle culturel soutenu par la Fondation Fiminco (lire The Art Newspaper édition française, numéro d’octobre). Venus en taxi ou après vingt minutes de métro depuis le centre de la capitale, les plus curieux des collectionneurs et des professionnels ont bravé – ou adoré – l’impression de work-in-progress, ce petit quartier de galeries toutes neuves émergeant au milieu des chantiers en cours. Parmi les visiteurs ravis de l’énergie dégagée par cette initiative figurent des collectionneurs dont les Lemaître ou les Gensollen de Marseille, Pauline de Laboulaye, des membres de l’Adiaf, Carine Tissot et Christine Phal, le tandem à la tête de Drawing Now… « Nous nous attendons en effet à des gens très concernés, un public motivé et pas des promeneurs », confie Fabienne Leclerc, à la tête de la galerie In Situ et cheville ouvrière du projet. Son enseigne présente des œuvres des artistes de la galerie, dont Constance Nouvel, Andrea Blum, Vivien Roubaud, un film des frères Haerizadeh…
Sur la grande terrasse dominant au dernier étage les chantiers des alentours, une tente accueille le visiteur avec, en son sein, une installation de Michel Blazy de 2009, Bar à oranges, issue des collections du FRAC Ile-de-France qui s’installera sur le site en 2020. Outre cette institution, l’un des points forts sera l’ouverture d’une résidence internationale d’artistes. Dix-huit s’installeront dans le beau bâtiment en brique rouge jouxtant les galeries. La chorégraphe Bianca Li a annoncé sa venue. De Vincent Sator avec 130 m2 à Jocelyn Wolff qui dispose d’un bâtiment entier sur près de 1 000 m2, quatre enseignes ont déjà franchi le pas. Air de Paris montre sur quatre niveaux 40 artistes de son écurie, de Noah Barker à Jean-Luc Verna. Jocelyn Wolff présente lui aussi un échantillon de ses artistes, de Katinka Bock à Franz Erhard Walther. « On peut rêver d’un cercle vertueux, imagine le galeriste Vincent Sator, qui consacre quant à lui son exposition aux sculptures de l’artiste suisse Christian Gonzenbach. Les artistes viennent en résidence, puis sont exposés par l’association Jeune création, entrent ensuite dans les galeries sur place avant d’être acquises par le FRAC… » Seul bémol : initialement impliquée dans le projet, Imane Farès a jeté l’éponge en dernière minute. « Je me suis retirée du projet Fiminco car j’avais des problèmes avec la fondation. L’espace fourni ne correspondait pas à mes attentes. Ce devait être au départ un white cube. En définitive, il y a trop de fenêtres, ce n’est pas un espace assez fermé pour une galerie, confie-t-elle. Je n’avais de toute façon pas l’intention d’abandonner ma galerie de Saint-Germain-des-Prés qui m’appartient », ajoute-t-elle.
Temporairement, l’espace qu’elle a libéré à komunuma est occupé par Jeune Création, association éponyme, émanation de Jeune peinture fondé par Rebeyrolle voici quelque 70 ans. Celle-ci prévoit le 6 décembre d’organiser un salon de jeunes artistes baptisé L’Édition annuelle dans un bâtiment annexe, précise Grégoria Lagourgue, chargée de la galerie et des programmations hors les murs. « Il faut qu’un écosystème se mette en place, glisse Carine Tissot. Il faudra créer des événements, des rencontres, au-delà des vernissages tous les trois mois, pour que cela devienne une destination, car on ne vient pas ici par hasard ».
Komunuma, 43 rue de la Commune de Paris, 93230 Romainville.