L’exposition « Soulages au Louvre » est l’un des grands événements de cette fin d’année 2019. Cet accrochage d’une sélection d’œuvres du peintre qui fêtera ses 100 ans le 24 décembre est important par sa symbolique : l’aveyronnais est l’un des rares artistes vivants à avoir les honneurs d’une telle rétrospective dans le plus grand musée du monde. Seuls Pablo Picasso et Marc Chagall avaient pu exposer de leur vivant une poignée de peintures non loin des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art, tous deux pour marquer leur 90e anniversaire, le premier s’étant vu offrir la Grande galerie en 1971, le second ayant exposé au Pavillon de Flore en 1977.
Il ne faut cependant pas oublier l’ouverture à l’art actuel qu’avait initié Henri Loyrette lorsqu’il était président-directeur du musée (2001-2013), l’institution disposant même à l’époque d’un conservateur « chargé de mission pour l’art contemporain au Louvre », en la personne de Marie-Laure Bernadac. De nombreux artistes furent ainsi invités dans le cadre du programme « Contrepoint ». Yan Pei-Ming fut convié en 2009, pour l’exposition « Les Funérailles de Monna Lisa », à accrocher ses toiles monumentales dans les salles des grands formats français du XIXe siècle et face à la salle des États. Wim Delvoye a aussi présenté en 2012 ses sculptures dans les appartements Napoléon III et dans les salles gothiques du département des Objets d’art. Cette programmation « contemporaine », abandonnée depuis, rappelait la vocation du Louvre à accueillir tous les artistes.
Il faut rappeler en effet que c’est dans le Salon carré du palais, qui n’était pas encore un musée, que fut organisé à partir de 1725 le Salon présentant les artistes contemporains de l’époque. Au-delà du caractère « exceptionnel » de l’exposition « Soulages au Louvre », elle vient souligner combien il est essentiel que le musée s’ouvre également aux artistes vivants pour lesquels il a aussi été créé.