La galerie Coatalem (Paris) offre l’occasion d’admirer jusqu’au 20 décembre un pan méconnu de la création française au XVIIe siècle, les natures mortes. Vingt-quatre d’entre elles, trésors de minutie, de délicatesse et de poésie, rappellent que les artistes, quatre siècles avant Francis Ponge, cherchaient déjà à saisir la beauté des objets quotidiens.
Sébastien Stoskopff compte parmi ces artistes rares dont les œuvres n’avaient pas été vues à Paris depuis l’exposition « Orangerie 1934 : les peintres de la réalité » au musée de l’Orangerie en 2007. Cette vanité composée savamment cache une allégorie des cinq sens, grâce à un subtil jeu de symboles : le citron pour le goût, les narcisses pour l’odorat ou encore les cartes pour le toucher.
Très peu d’œuvres de Jean-Baptiste Garnier sont parvenues jusqu’à nous, même si tout porte à croire qu’il a été un peintre prolifique. Ces quelques abricots, représentés avec une touche illusionniste, surprennent par leur fraîcheur intemporelle. Malgré l’extrême sobriété de la scène, notre regard est séduit par la beauté des couleurs naturelles.
Dix ans après l’exposition qui lui a été consacrée à Dijon, Louyse Moillon est de nouveau à l’honneur. La galerie Coatalem dévoile deux petits chefs-d’œuvre de sa main, dont un plat de pêches d’un raffinement extrême. À l’apogée de son art, l’artiste confère à ces fruits une noblesse et une sensualité à peine tempérées par la retenue de son pinceau.
Autre femme peintre estimée de son temps, Charlotte était la fille de Claude Vignon, célèbre maître du Grand Siècle. Seules cinq œuvres sont attribuées avec certitude à cette artiste mystérieuse dont on ignore encore presque tout. Cette nature morte aux pêches et raisins, maniant avec brio les effets d’ombre et de lumière, pourrait être la sixième.
Pièce maîtresse de la collection Motais de Narbonne, récemment exposée à Orléans puis à Toulouse, cette spectaculaire Vanité met en scène la fugacité de la vie humaine, alerte quant à la futilité des choses du monde. Derrière le livre ouvert à la page du Jugement, le peintre Simon Renard de Saint-André invite le spectateur à choisir entre la damnation ou le Salut, le serpent ou le papillon.
Issu d’une famille d’artistes tournaisiens, Jean-François de Le Motte doit sa célébrité aux décors qu’il réalise lors des entrées solennelles de Louis XIV dans sa ville. Cette toile en trompe-l’œil représentant un coin d’atelier fait montre d’une virtuosité époustouflante ; on plonge son regard dans l’harmonieux désordre pour en savourer chaque détail.
« Natures mortes françaises du XVIIe siècle », jusqu’au 20 décembre, Galerie Eric Coatalem, 136 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris.