Le fait est inédit : dans le communiqué annonçant le choix de Zineb Sedira pour représenter la France à la 59e Biennale internationale d’art de Venise en 2021, le ministre de la Culture, Franck Riester, s’est senti dans l’obligation de « réaffirmer son soutien au choix du comité de sélection », dénonçant de fausses informations circulant sur l’artiste. Le 25 janvier, Jacqueline Frydman, directrice du Passage de Retz à Paris et présidente d’ISART, s’étonnait dans une lettre au locataire de la Rue de Valois, relayée sur Twitter par Bernard-Henri Lévy, que la France puisse être représentée à Venise par une artiste qui avait demandé que ses œuvres soient retirées en 2017 de la Biennale de la Méditerranée à Sakhnin, en Israël. Selon elle, la sélection de cette artiste était « une promotion de la campagne dite BDS dont les appels au boycott d’Israël ont été condamnés par la plus haute juridiction française, à savoir la Cour de cassation ». Zineb Sedira a répondu par un communiqué transmis à l’AFP dans lequel elle affirme : « Je suis heureuse de représenter la France et m’attacherai toujours à lutter contre toutes formes de haine, d’actes ou de propos racistes ou antisémites ». Et de poursuivre : « Jamais je n’ai adhéré à cette organisation, jamais je n’ai eu d’accointance avec ce mouvement. Je condamne d’ailleurs fermement tout boycott et je ne peux être associée ou être solidaire du BDS ».
La polémique étant maintenant close, l’artiste franco-algérienne succédera donc à Laure Prouvost au pavillon français de la Biennale de Venise. Le profil des deux artistes est d’ailleurs étonnamment proche. Toutes deux sont des femmes, qui vivent à l’étranger (à Londres pour Zineb Sedira, à Anvers pour Laure Prouvost) et qui ont étudié dans la capitale britannique. Est-ce un hasard ou un statement de la part des ministères de privilégier pour Venise des artistes qui ont délibérément tourné le dos aux écoles d’art françaises pour se former au Royal College of Art, à la Slade School of Art et à Central Saint Martins pour Zineb Sedira, au Goldsmiths College et à Central St Martins pour Laure Prouvost ? La question se pose.