Dans le milieu du marché de l’art parisien, il était l’un des meilleurs. L’une des figures les plus respectées. Sa disparition brutale il y a quelques jours à l’âge de 57 ans des suites d’une intoxication alimentaire foudroyante a laissé tout le monde sans voix. Avenant, affable, sympathique en diable dans une profession qui compte beaucoup d’ego, il prenait voici quelques semaines encore de vos nouvelles en vous racontant ses vacances au ski en famille en Suisse d’où est originaire son épouse.
Président délégué d’Artcurial, François Tajan en assurait de fait la bonne marche depuis de longues années. Son père, Jacques, avait créé la maison Tajan, l’une des plus florissantes de la place parisienne avant l’arrivée des Anglo-Saxons, puis l’avait revendue à LVMH, auquel Rodica Seward l’avait ensuite rachetée. En 2002, quand Artcurial voit le jour, un projet de fusion avec la société Tajan est envisagé, mais n’aboutira pas. Alors, vers 2004-2005, François Tajan finit par rejoindre, seul, ce qui allait devenir la plus importante maison de vente française. Appuyés par les actionnaires, les familles Pastor et Dassault, Nicolas Orlowski, Francis Briest, Hervé Poulain et Rémy Le Fur (qui quittera plus tard l’aventure) accueillent à bras ouverts le commissaire-priseur. « Il a beaucoup développé les ventes de bijoux, de montres et d’orfèvrerie, et a été un élément extrêmement dynamique dans la réalisation du concept d’Artcurial, celui d’une structure française inspirée du modèle anglo-saxon. Nous avions tous des spécialités. Il a renforcé les arts décoratifs et fait croître le design. Sa disparition est du jamais vu », confie Francis Briest.
FRANÇOIS TAJAN BRILLAIT DANS L’ART DÉCO
François Tajan brillait en effet dans l’Art déco, grande spécialité de la maison Tajan. Il apportera à Artcurial son carnet d’adresses, sa connaissance du domaine mais aussi dans sa besace un grand expert en la matière : Félix Marcilhac. Ses liens pour raisons familiales avec Monaco n’ont pas été négligeables non plus dans le développement d’Artcurial sur le Rocher. Il tenait aussi fréquemment le marteau avec un rythme serein et une élégance qui lui ressemblaient. Sa disparition soudaine est un coup dur pour Artcurial, après le départ en début d’année de Fabien Naudan, vice-président, et d’Emmanuel Bérard, directeur du Design. « Les deux mamelles d’Artcurial restent l’art moderne et contemporain, et les automobiles de collection. Et notre maison est très structurée et fonctionne parfaitement », tempère Francis Briest, président du conseil de surveillance de la maison de ventes et administrateur du groupe Artcurial. Et Nicolas Orlowski, Président-directeur général, tient la barre du navire, qui devra traverser cette tempête imprévisible.