C’est un président de la République en bras de chemise, flanqué du ministre de la Culture prenant des notes, mais aussi de la ministre du Travail et du ministre de l’Économie et des Finances, qui est apparu sur les écrans le 6 mai pour présenter son « plan pour la Culture ». Auparavant, Emmanuel Macron s’était entretenu à huis clos en visioconférence pendant deux heures avec treize artistes, dont le plasticien Laurent Grasso. Ce dernier, qui avait pu échanger avec d’autres représentants du milieu de l’art avant ce rendez-vous, a souhaité « faire entendre la voix des artistes » et donner « [sa] définition d’un artiste aujourd’hui ». « J’ai voulu rappeler qu’un artiste pense le monde et son anticipation, il n’est pas seulement dans la production d’objets, indique-t-il. J’ai tenu aussi à alerter sur la situation des artistes les plus fragiles, des centres d’art, des galeries, tous privés des échanges internationaux qui sont la particularité de notre milieu ». Face aux projets annulés ou reportés, il a insisté sur le fait que « le milieu de l’art mérite d’être soutenu au même titre que d’autres secteurs en difficulté face à l’arrêt de l’économie ».
Il a également appelé à un New Deal passant par un programme de commandes publiques, mais pas seulement réservé au moins de 30 ans comme l’a annoncé le chef de l’État. Le programme dévoilé par Emmanuel Macron pour l’ensemble du secteur culturel a fait réagir quelques heures plus tard Jean-Jacques Aillagon. Si l’ancien ministre s’est félicité que « le président de la République réaffirme l’importance qu’il attache à la culture et à la place qu’elle occupe dans notre pays », il a d’abord demandé que « l’action de l’État rendue nécessaire par la crise ne se limite pas aux seuls domaines du spectacle vivant et du cinéma, comme l’intervention du président de la République a parfois pu le laisser craindre, mais également à ceux des patrimoines, de la recherche, de la littérature, de la librairie, des arts plastiques, du design, de l’architecture, des médias et des enseignements artistiques… ». Il a ensuite souhaité que les moyens budgétaires soient à la hauteur des enjeux. « Ce n’est d’ailleurs qu’ainsi que la grande politique de commande publique, inspirée par celle du New Deal de Roosevelt, pourra effectivement être mise en œuvre », a-t-il conclu. New Deal : le mot est lancé.