La Bienalsur, la biennale du sud organisée depuis l’Argentine par Aníbal Jozami et Diana Wechsler, a lancé depuis longtemps une réflexion sur le global et le local, en partant notamment du contexte particulier de l’Amérique latine. Dans le cadre de ses sessions de réflexion, la manifestation a organisé le 6 juin une discussion en ligne – crise sanitaire oblige – autour du thème suivant : « Pensez des futures possibles – les récits du présent ». Le confinement dans lequel ont été ou sont encore plongés de nombreux pays, dans la brutalité du coup d’arrêt qu’il a entraîné, pose en effet la question du monde d’après. Les choses vont-elles redémarrer comme avant ou cette pause, qui a offert à nombre d’entre nous un moment de profonde réflexion favorisé par cette période d’isolement, va-t-elle déboucher sur de nouvelles pratiques, de nouvelles priorités ? Dans notre société profondément globalisée, pour ne pas dire planétaire concernant le monde de l’art, la fermeture des frontières, au sein même d’une Europe dont la construction s’est fondée sur leur abolissement, semblait jusqu’à récemment inconcevable.
La gestion de la crise du coronavirus a favorisé ce repli, chaque pays devenant seul responsable de la réponse à apporter à la pandémie. Les aides au redémarrage seront, elles aussi, largement nationales, même si l’Union européenne a proposé un plan de relance audacieux de 750 milliards d’euros qui doit être adopté par les vingt-sept. Plusieurs pays, dont la France et l’Allemagne, ont déjà prévu des plans d’action en faveur de la culture, qui bénéficieront à leurs différents acteurs, avec par exemple dans l’Hexagone des acquisitions d’œuvres à des artistes de la scène française ou à des galeries du pays. Ce recentrage vers le local est loin d’avoir le même sens sur tous les continents. Il pourrait même avoir des conséquences dramatiques dans des pays comme le Brésil de Jair Bolsonaro. Face aux possibles replis, des initiatives comme la Bienalsur, nouant toujours plus le dialogue artistique, sont plus que jamais nécessaires.