Née en 1972 à Alfortville, diplômée des Beaux-Arts de Paris et du Goldsmiths College (University of London), Alice Anderson vit et travaille à Londres. Sa pratique s’ancre dans de la danse-performance, un modus operandi en mouvement, produisant sculptures, peintures et dessins. Marquée par la découverte de la culture des Kogis de la Sierra Nevada, elle s’en est imprégnée lors de plusieurs séjours auprès de la communauté de ces Indiens de Colombie qui, génération après génération, restent attentifs à vivre en harmonie avec leur environnement. Les performances d’Alice Anderson tiennent à la fois de la danse, de la création de pièces originales dans le domaine des arts visuels et d’un chamanisme contemporain qui aspire à replacer le microcosme de l’être humain au sein du macrocosme qui l’entoure. Sa réflexion porte sur ce que peut nous apprendre notre corps dans son rapport à l’univers, à travers son langage, ses rythmes propres, à une époque où la domination des machines, de la technologie, des algorithmes va crescendo et régit nos sociétés contemporaines et nos existences. Donner corps à l’immatériel est au cœur de son art. Plus qu’une simple référence à des coutumes ancestrales, cette exploration du body learning s’inscrit pleinement dans les préoccupations actuelles, comme un contrepoint artistique aux recherches menées dans le champ de l’intelligence artificielle.
Les œuvres présentées au Centre Pompidou ont été créées lors de danses-performances au cours desquelles Alice Anderson tisse avec du fil de cuivre – symbole de la connectivité numérique – ou peint avec de la couleur. À travers ces performances, tantôt méditatives, tantôt proches de la transe, elle confie atteindre un niveau de conscience égal à celui recherché dans de nombreuses cultures par le biais de rituels ancestraux. En cela, sa pratique se réfère à ce que des créateurs comme Joseph Beuys, Anna Halprin, Simone Forti ou encore Jackson Pollock (par sa technique du dripping) ont exploré en leur temps. En activant par des gestes précis certains objets technologiques, des formes choisies, Alice Anderson les « mémorise », les transformant en « totems contemporains » et autres « machines spirituelles ». Ses « danses géométriques » établissent une communication avec la toile. Dans The Ritual of the Shapes, la peinture se transforme en sculpture grâce à la performance. En 2019, sa résidence à l’Atelier Calder, à Saché, lui a ouvert de nouvelles perspectives artistiques, la menant à réaliser d’immenses peintures-sculptures. Son témoignage sur cette expérience a fait l’objet d’un article dans le numéro de janvier 2020 de The Art Newspaper Édition française. Alice Anderson est représentée par la Patinoire royale-galerie Valérie Bach, à Bruxelles.