Après de multiples retards dus à la pandémie de Covid-19, une nouvelle antenne du MaXXI, le musée national d’art contemporain et d’architecture dont le bâtiment à Rome a été conçu par Zaha Hadid, ouvre enfin ses portes à L’Aquila. Installé dans le Palazzo Ardinghelli, un palais du XVIIIe siècle restauré après avoir été gravement endommagé par le tremblement de terre qui a dévasté cette ville d’Italie centrale en 2009, le MaXXI L’Aquila a été inauguré par le ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, vendredi 28 mai. Après quatre jours d’accueil gratuit du public, du 30 mai au 2 juin, l'institution a officiellement ouvert ce mercredi 3 juin.
L’exposition inaugurale « Punto di equilibrio. Pensiero spazio luce da Toyo Ito a Ettore Spalletti » comprend de nouvelles commandes passées à neuf artistes, au nombre desquels figurent le photoreporter de Magnum Paolo Pellegrin, le regretté peintre et sculpteur minimaliste Ettore Spalletti et la jeune artiste russe Anastasia Potemkina. Leurs œuvres sont mises en dialogue avec 60 pièces choisies parmi les plus de 500 présentes dans la collection permanente du MaXXI, ainsi qu’avec l’architecture baroque du Palazzo Ardinghelli. Pourtant, avant même son ouverture, le nouveau musée a suscité la controverse, décrit par certains critiques comme un projet de « colonialisme culturel » qui risque d’occulter les organisations artistiques locales luttant encore pour se remettre du tremblement de terre de 2009.
Le Palazzo Ardinghelli a été restauré grâce à un don de 7,2 millions d’euros du gouvernement russe, qui avait été négocié lors du sommet du G8 accueilli à L’Aquila par le Premier ministre italien de l’époque, Silvio Berlusconi, en 2009. La Russie a également donné 1,8 million d’euros pour financer la restauration de l’église San Gregorio Magno de la ville. L’idée de transformer le palais en musée d’art contemporain avait été défendue par Dario Franceschini, qui avait annoncé en 2015 la collaboration du ministère de la Culture avec le MaXXI sur ce projet et une subvention annuelle du gouvernement italien de 2 millions d’euros.
LE MINISTRE VOULAIT MONTRER QU’UNE RÉUSSITE NATIONALE DISPOSANT D’UN RÉSEAU INTERNATIONAL POUVAIT AIDER À RELANCER LA MACHINE CULTURELLE DE L’AQUILA
«La controverse est infondée», s’insurge Bartolomeo Pietromarchi, le directeur de la division artistique du MaXXI et co-curateur de l’exposition inaugurale à L’Aquila. « Nous avons accepté l’invitation du ministre… à mettre en pratique la méthode MaXXI à L’Aquila, en ouvrant le musée dans un bâtiment totalement différent de celui de Rome…, déclare-t-il. Le ministre voulait montrer qu’une réussite nationale disposant d’un réseau international pouvait aider à relancer la machine culturelle de L’Aquila. » Le MaXXI n’est pas un « vaisseau spatial qui descend du ciel et impose des programmes qui ne sont pas partagés, ajoute-t-il. Nous veillons à travailler en étroite collaboration, dans une logique de partage et d’écoute, avec [les organisations locales] et la réponse est extrêmement positive. »
De fait, des partenariats sont déjà en cours avec diverses institutions de la ville, comme l’Institut scientifique Gran Sasso, l’Université de L’Aquila, l’Académie des beaux-arts et le musée national des Abruzzes (Munda). Un festival de performances d’une semaine consacré à Fabio Mauri sera organisé en septembre en collaboration avec l’Académie. Le programme public comprendra également des événements avec des artistes, des conférences, des lancements de livres et des formations. L’entrée pour les résidents de L’Aquila et de la région des Abruzzes sera gratuite pendant un an.