Plus de dix ans après l’ouverture de son premier espace à Paris, le méga marchand américain Larry Gagosian inaugurera le mois prochain son troisième espace dans la capitale française. La nouvelle galerie sera située rue de Castiglione, à quelques pas de la place Vendôme. Cette dernière, qui fait depuis des années partie du programme « Hors les murs » de la FIAC, accueillera pour cette édition une œuvre en tôle d’Alexander Calder datant de 1975, rarement vue en public, proposée par Gagosian. La dernière apparition sur le marché de cette pièce intitulée Flying Dragon remonte à 2006, lorsqu’elle a été vendue par la fondation texane ExxonMobil chez Sotheby’s à New York pour 5,6 millions de dollars [près de 4,8 millions d’euros]. Son prix actuel n’a pas été communiqué. La maquette originale et les documents d’archives relatifs à la sculpture, peinte en rouge vermillon vif, seront présentés dans le nouvel espace de l’enseigne aux côtés d’autres œuvres de la dernière période de Calder.
La nouvelle galerie, qui ouvrira ses portes le 19 octobre et portera à dix-huit le nombre total d’espaces de Gagosian à travers le monde, s’ajoute à celle de la rue de Ponthieu, dans le 8e arrondissement, inaugurée en 2010, et au gigantesque espace de 18 000 m2 situé au Bourget, ouvert en 2012. Gagosian, dont l’arrivée il y a plus de dix ans dans la capitale française a contribué à établir la position actuelle de Paris sur le marché mondial, cite la ville comme « un centre important pour l’art moderne et contemporain » et affirme que son troisième lieu « apportera une nouvelle dimension à la présence de la galerie, se joignant aux efforts importants des musées et des fondations dans la Ville Lumière ».
L’ARRIVÉE DE GAGOSIAN, IL Y A PLUS DE DIX ANS, A CONTRIBUÉ À ÉTABLIR LA POSITION ACTUELLE DE PARIS SUR LE MARCHÉ MONDIAL
Conçu par Rémi Tessier, qui a déjà réalisé le design de ses superyachts, le nouvel espace est doté de plafonds surélevés et de fenêtres de 15,5 mètres de haut offrant une vue imprenable sur l’intérieur de la galerie depuis les arcades de la rue. C’est son emplacement, à côté du Louvre et du Jardin des Tuileries et près de l’endroit où Leo Castelli et René Drouin ont ouvert la Galerie Drouin en 1939, qui a convaincu l’enseigne, selon Serena Cattaneo Adorno, directrice de Gagosian Paris. « Nous n’étions pas nécessairement à la recherche d’un troisième espace, dit-elle, mais notre nouvelle ouverture renforce l’engagement de la galerie envers la ville ».
Fervent défenseur de la sculpture monumentale, Gagosian dévoilera également une nouvelle œuvre en acier de Richard Serra, Transmitter (2020) – mesurant 4 mètres de haut, 17,7 mètres de large et 18,2 mètres de long – dans l’espace de la galerie au Bourget le 18 septembre. Gagosian présentera également au Centre Pompidou, début 2022, l’intégralité des films et vidéos de Serra, issus des collections du musée parisien et du Museum of Modern Art à New York.
Ces dernières années, et plus particulièrement depuis le Brexit, Paris vit une renaissance en tant que centre artistique international. Un certain nombre de fondations privées y ont récemment ouvert, contribuant à impulser un nouvel élan, remarque Serena Cattaneo Adorno. « Il y a sans conteste une nouvelle vitalité, fortement encouragée, y compris politiquement. L’engagement pour la culture ici est réel », constate-t-elle.
CES DERNIÈRES ANNÉES, ET PLUS PARTICULIÈREMENT DEPUIS LE BREXIT, PARIS VIT UNE RENAISSANCE EN TANT QUE CENTRE ARTISTIQUE INTERNATIONAL
Paris concurrence de plus en plus Londres, et des galeries comme David Zwirner, White Cube et Lévy Gorvy ont récemment ouvert des espaces dans la capitale française. Gagosian possède désormais trois lieux d’exposition dans ces deux villes. Avec un taux de 5,5 %, la TVA à l’importation pour les œuvres d’art en France est la plus basse de l’Union européenne (UE), bien que le Royaume-Uni applique un taux inférieur, de 5 %. Il est donc probable que Paris devienne une plaque tournante pour l’entrée des œuvres d’art dans l’UE.
Serena Cattaneo Adorno reconnaît les avantages logistiques d’une ouverture à Paris, tout en soulignant que Gagosian n’en ressentira pas de nouveaux effets, la galerie ayant développé ses activités en France depuis déjà longtemps. Elle souligne également certains avantages que la galerie peut tirer de la sortie du Royaume-Uni de l’UE en termes de commerce avec d’autres parties du monde. « Le monde de l’art a beaucoup changé », conclut-elle.