Bruxelles dispose, historiquement, de peu de lieux dédiés à la photographie. L’ouverture du Hangar, un centre d’art photographique privé, financé par le collectionneur d’art belge Rodolphe de Spoelberch et dirigé par la Française Delphine Dumont, a changé la donne il y a sept ans. Situé au cœur du quartier du Châtelain et couvrant plus de 1 000 m2 répartis sur trois niveaux, cet espace consacré uniquement à la photo contemporaine s’ajoute à deux autres lieux incontournables, la Box galerie, enseigne qui représente des photographes tels que Graciela Iturbide, Roger Ballen, Pentti Sammallahti ou encore Larry Fink, et l’Espace Photographique Contretype, soutenu par la région de Bruxelles-Capitale, qui a pour vocation de soutenir la jeune photographie et d’accueillir à la fois des expositions et des résidences.
HANGAR PILOTE LE PHOTO BRUSSELS FESTIVAL, DONT LA SIXIÈME ÉDITION VIENT DE DÉMARRER
Hangar organise trois à quatre grandes expositions par an, et pilote le Photo Brussels Festival, dont la sixième édition vient de démarrer. L’événement fédère une quarantaine de lieux dans la capitale (galeries, fondations, artist-run spaces, librairies, centres d’art…) qui proposent des accrochages. Dans le cadre de ce festival, Hangar propose toujours une exposition thématique. Cette année, avec « In the Shadow of Trees », elle porte sur le thème de l’arbre – avec l’idée, comme le confie Delphine Dumont, « d’alerter sur la place cruciale qu’ont les arbres dans la vie et la survie de l’humanité », mais aussi de prendre acte du caractère polluant de la photographie en s’engageant vers des pratiques vertueuses comme de produire localement une partie des tirages exposés ou d’imprimer les cartels d’exposition sur du papier recyclé.
Une vingtaine de projets photo et vidéo sont réunis. Certains sont particulièrement réussis comme le reportage de Pascal Maître sur les baobabs de Madagascar évidés et transformés en citernes, l’installation d’Arguiñe Escandón et Yann Gross sur les représentations de l’Amazonie ou encore les vidéos hypnotiques d’Enrique Ramirez. Les démarches sont tantôt documentaires, tantôt intimistes, plasticiennes ou engagées. L’ensemble est de qualité, séduisant, sans emporter totalement l’adhésion, la diversité des propositions ne pouvant masquer l’absence d’un véritable commissariat d’exposition et d’un point de vue.
L’ÉVÉNEMENT FÉDÈRE UNE QUARANTAINE DE LIEUX DANS LA CAPITALE BELGE (GALERIES, FONDATIONS, ARTIST-RUN SPACES, LIBRAIRIES, CENTRES D’ART…)
Si certains lieux ont repris l’idée d’une réflexion sur la nature – à l’Espace Contretype, le travail au long cours de Cyril Albrecht sur la désertification de l’Ouest américain; à la galerie Irène Laub, une proposition érudite de Stijn Cole mêlant peintures, sculptures, photos et pratiques numériques autour du motif fragmenté de la forêt –, la plupart suivent leurs propres chemins buissonniers. La galerie Nathalie Obadia déploie les photos alertes d’Agnès Varda sur ses amis artistes – Alexander Calder, Valentine Schlegel, Véra et Pierre Székely, Germaine Richier… La Fondation A Stichting célèbre quant à elle Helen Levitt avec une exposition d’envergure. Pas un arbre en vue, peu d’horizons, du bitume, des graffitis, des mômes à ras de trottoir, et cependant, on a rarement vu une telle floraison de chefs-d’œuvre aux cimaises. Une centaine de tirages sont rassemblés, dont la série très rare des images prises dans le métro new-yorkais et une projection permettant de découvrir toute l’amplitude de son travail en couleurs.
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Photo Brussels Festival, jusqu’au 26 mars 2022, Bruxelles.