Un même ruban bleu, mais deux visions du Sud et de la Méditerranée. D’un côté, Monaco : enclave dorée petite comme un confetti, ancien paradis fiscal qui présente encore bien des avantages, havre de paix et de sécurité qui attire les happy few, surtout étrangers. De l’autre, Marseille : métropole étendue, populaire, métissée, qui compte de nombreux habitants arrivés là pour bien d’autres raisons. Deux univers aux antipodes, avec la mer pour horizon. Alors qu’artmonte-carlo, désormais installé au milieu du mois de juillet, annonce les vacances, art-o-rama, elle, accompagne en douceur la fin des congés estivaux et la perspective de la rentrée, le dernier week-end d’août. Si art-o-rama s’appuie sur des collectionneurs marseillais ainsi que sur des institutions locales, elle attire de nombreux visiteurs qui séjournent dans la région à cette époque de l’année, souvent français, mais aussi des pays limitrophes (belges, allemands, anglo-saxons…). «L’image de Marseille a beaucoup changé, c’est devenu une destination branchée », observe Jérôme Pantalacci, fondateur et directeur d’art-o-rama… En outre, la région ne manque pas d’attraits, regroupés sous la bannière du réseau Plein Sud : institutions publiques, domaines viticoles et artistiques, fondations privées du Luberon… Sans oublier l’ouverture récente de l’ancien atelier d’Anselm Kiefer à Barjac, de la Fondation Lee Ufan à Arles, ni l’installation imminente de la Fondation Thalie (Bruxelles), à Arles également. Pour les VIP, autant de raisons supplémentaires de s’attarder !
UN PROFIL ATYPIQUE
Alors qu’artmonte-carlo est une émanation suisse d’artgenève, art-o-rama s’en distingue par sa structure même, associative, via Fræme
« Marseille n’est pas si riche en collectionneurs. Si nous n’avions pas bénéficié du soutien de la collectivité, nous n’aurions jamais pu monter ce Salon, poursuit Jérôme Pantalacci. Au début, nous invitions les galeries, sans les faire payer. Une fois que les collectionneurs ont reconnu sa qualité, ils sont venus. En quinze ans d’existence de la Foire, un cercle vertueux s’est constitué. » Conséquence de ce profil atypique qui la rapproche un peu de la Foire Artissima (qui se déroule à Turin en novembre) : « Les prix relativement peu élevés des stands permettent aux jeunes galeries, encore fragiles financièrement, de venir, et ainsi de miser sur des projets spécifiques et plus audacieux », explique le directeur. Les collectionneurs ne s’y trompent pas, qui s’y rendent de plus en plus nombreux, en quête de talents à découvrir ou à suivre… Autre caractéristique : les stands, vastes, s’adaptent aux demandes des exposants, et le parcours prend une forme plutôt labyrinthique, moins classique que dans d’autres salons. Art-o-rama se révèle ainsi souvent un tremplin pour des enseignes qui font leurs premiers pas, en quête de notoriété, avant d’être repérées et de partir vers d’autres horizons. C’est le cas de Veda, de Florence, venu en 2019 à art-o-rama et qui a exposé à Art Basel en juin 2022, ou de LambdaLambdaLambda, de Pristina, qui revient à art-o-rama tout en ayant participé cette année au secteur Feature d’Art Basel.
Grande nouveauté en 2022 : dotée d’un comité spécifique, la section « Édition art & design », dédiée aux multiples, s’étend, réunissant vingt-deux exposants. Une initiative maline pour attirer des acheteurs plus jeunes, à la recherche de petits prix. Elle accueille les enseignes parisiennes 13 Desserts, Dilecta, French Cliché, Gilles Drouault galerie/multiples, Homaar, MORE Projects, Marion Mailaender (Paris et Marseille), Rubis sur l’ongle (Pantin), ainsi que les marseillaises Atelier Vis-à-Vis, Southway Studio, Tchikébé ou Yundler Brondino Verlag. Mais aussi and the editions (Vienne), Cable Depot (Londres), Collection Lambert (Avignon), Fracas (Bruxelles), ker-xavier (Bordeaux), Klosterfelde Edition (Berlin), La Peau de l’ours (Bruxelles), Modulab (Metz), Ogamipress (Madrid) et la Villa Noailles (Hyères). Quant au secteur principal des galeries, riche cette année de quarante-huit participants (contre trente-sept en 2021), avec vingt-deux nouveaux, il voit revenir Ceysson & Bénétière, In Situ fabienne leclerc, Air de Paris ou Meessen De Clercq (Bruxelles). Parmi les arrivées figurent Parliament (Paris), Cibrián (Saint-Sébastien, Espagne) ou eins gallery (Limassol, Chypre), qui n’ont jamais participé à une foire en France ni même en Europe. Cette année, art-o-rama peut compter sur la venue de quatre enseignes américaines : Good Weather en duo avec North Little Rock, M. LeBlanc, Grant Wahlquist et O-Town House. N’oublions pas enfin les nombreux prix soutenus par les Mécènes du Sud et un programme de talks, de signatures et de films encore plus fourni que les années précédentes !
Art-o-rama, 25-28 août 2022, La Tour 3e étage, La Cartonnerie, les Plateaux, Friche la Belle de Mai, entrée piétons, 41, rue Jobin, 13003 Marseille, https://art-o-rama.fr/fr/