L’antiquaire parisien Benjamin Steinitz a annoncé qu’il allait mettre en vente des pièces de sa galerie chez Christie’s le 21 septembre. Grande nouveauté : les lots seront inscrits sur la blockchain avec Artory, spécialiste mondial des technologies d’enregistrement sécurisé d’œuvres d’art physiques. « C’est une façon de faire entrer notre spécialité dans une nouvelle ère, en associant mobilier et objets d’arts du XVIIIe siècle et technologies actuelles », confie Benjamin Steinitz. Christie’s avait déjà collaboré avec Artory pour une autre vente inscrite sur la blockchain, celle de la collection Barney A. Ebsworth d’art américain du XXe siècle, en 2018.
Mais l’opération va plus loin que le simple coup de com. La blockchain est apte à rassurer les enchérisseurs, échaudés par les affaires de faux qui ont vu le jour en France ces dernières années. D’ailleurs, l’intitulé de la vente, « Provenance Revealed », insiste sur le travail de recherche effectué par la galerie Stenitz pour retrouver les prestigieux pedigrees. « Chaque lot a été étudié à fond et documenté, nous avons même éliminé des pièces faute d’avoir eu à temps suffisamment d’informations », explique Benjamin Steinitz. Parmi les 58 lots estimés 3,5 millions de livres (4 millions d’euros) figurent un chandelier acquis par Yves Saint Laurent auprès de Bernard Steinitz (le père) estimé de 60 000 à 80 000 livres et deux silhouettes peintes du XVIIe siècle provenant du manoir du Jonchet d’Hubert de Givenchy et évalués de 8 000 à 12 000 livres. Ou encore un service de petit-déjeuner offert par la reine Marie-Antoinette à Louise-Charlotte-Philippine de Noailles, évaluée de 40 000 à 60 000 livres. Une tapisserie de Bruxelles estimée de 60 000 à 80 000 livres a appartenu au banquier américain J. Pierpoint Morgan. « Derrière les provenances se trouvent parfois des histoires singulières, relate Benjamin Steinitz, comme ce fauteuil de Jacob égyptisant qui a appartenu à Monsieur Payen à l’hôtel de Marbeuf, dont l’amour pour sa maîtresse Madame de Marbeuf le poussera à se faire guillotiner lui aussi ».
Mais pourquoi avoir choisi Londres et non pas Paris pour organiser la vente, malgré les complications dues au Brexit que cela suppose ? Selon Benjamin Steinitz, qui participe d’ordinaire au salon Masterpiece en été dans la capitale britannique, ce choix permet de donner un coup de projecteur à sa galerie et de toucher une clientèle anglo-saxonne ou asiatique qui ne vient pas forcément à Paris… La galerie Steinitz n’en est pas à son coup d’essai avec Christie’s, qui a déjà dispersé avec un succès variable une grande partie du stock de l’antiquaire entre 2007 et 2012 entre Paris et New York.
Cette fois, après le triomphe de la collection Hubert de Givenchy chez Christie’s à Paris en juin 2022, « qui a redonné du punch à ce marché », juge Benjamin Steinitz, le timing semble favorable…