À quelques jours de la semaine de l’art contemporain autour de Paris+, une nouvelle « boutique fair » dévolue à l’archéologie voit le jour dans la capitale, qui plus est dans un quartier inattendu : le Marais. Rue de Turenne, neuf marchands sont réunis jusqu’au 16 octobre autour des antiquités gréco-romaines, de l’art précolombien et de l’Égypte ancienne. « Il y avait une demande de nos exposants du Bourgogne Tribal Show, qui s’est ouvert ces derniers temps à l’Antiquité, de lancer un tel événement. Nous aimerions l’an prochain le positionner en septembre », explique Julie Arnoux, codirectrice du nouveau rendez-vous et déjà organisatrice du salon régional d’arts premiers. L’architecture industrielle épurée des lieux aide à apprécier les pièces dans un environnement minimaliste et à les mettre en valeur.
« Les spécialités représentées ici connaissent un contexte difficile. C’est pourquoi nous nous sommes entourés d’un vetting de sept personnes et d’un règlement exigeant. Face aux problèmes de faux et de provenance illicite, il faut raison garder : tous les marchands ne sont pas concernés ! », poursuit-elle. Pour Laurent Dodier, l’un des exposants, « il est important de rappeler que la majorité des marchands sont honnêtes. Toutes les pièces du salon ont fait l’objet de contrôles par Interpol et l’Art Loss Register. Il était capital, dans le contexte actuel, d’envoyer ce message de transparence ».
Laurent Dodier fait entre autres dialoguer des statuettes funéraires égyptiennes et précolombiennes du VIe siècle avant notre ère, soulignant les parallèles dans les rituels destinés à accompagner le défunt. Prévoyez entre quelques milliers d’euros et jusqu’à 40 000 euros pour une statue de dieu aztèque du XVIe siècle en pierre. De rituels funéraires, il en est aussi question sur le vaste stand de la galerie parisienne d’origine allemande Eberwein, avec pour clou un ensemble de quatre vases canopes, ces urnes renfermant, sous la protection d’Horus, les intestins des disparus dont le nom orne la panse. Comptez cette fois plusieurs centaines de milliers d’euros. « Ce genre de petit salon, dont la force est d’être centré sur un même domaine, rappelle celui auquel je participe en novembre à Bâle, en Suisse », précise Antonia Eberwein. Un sympathique coin librairie, avec la complicité de la librairie Antinoë (Brest), invite à approfondir ces spécialités parfois pointues.
Dans l’ensemble, les exposants misent sur une grande variété de pièces à tous les prix pour rendre la manifestation attractive, à l’instar, au rez-de-chaussée, de la galerie Cahn, de Bâle, qui présente certes une importante tête grecque de jeune homme dite « de von Heyl » mais aussi des bijoux antiques et des vases grecs rouges et noirs de toute beauté, dont certains accessibles pour moins de 5 000 euros. Une façon de rappeler qu’on peut encore s’offrir des pièces magnifiques, témoins des grandes civilisations antiques, pour des montants somme toute raisonnables comparés à l’art moderne ou contemporain…
Opus, jusqu’au 16 octobre, Galerie Joseph, 116, rue de Turenne, 75003 Paris.