Frances Morris a annoncé qu’elle quittera son poste de directrice de la Tate Modern de Londres en avril 2023. Elle occupe ce poste depuis 2016, date à laquelle elle a remplacé Chris Dercon, devenant ainsi la première femme et la première Britannique à diriger le musée.
Frances Morris a commencé sa longue carrière de 35 ans à la Tate en 1987, en tant que jeune conservatrice. En 2000, elle a été promue responsable des expositions à la Tate Modern nouvellement ouverte, puis, en 2006, elle a été nommée directrice de la collection d’art international. Dans ce cadre, elle a été chargée d’enrichir et de diversifier la collection, et d’organiser trois rétrospectives majeures sur des artistes femmes : « Louise Bourgeois » (2007), « Yayoi Kusama » (2012) et « Agnes Martin » (2015). Elle a également supervisé des initiatives pionnières telles que l’ouverture des Tanks en 2012, un espace dédié à la performance et à l’art vidéo. Parmi ses autres coups d’éclat curatoriaux, elle a décidé de restructurer l’accrochage des collections permanentes par thèmes plutôt que chronologiquement, un parti pris toujours actuel à la Tate Modern. Au cours de sa première année à la tête du musée, elle a inauguré une vaste extension de dix étages, désormais appelée Blavatnik Building, qui a ajouté quelque 22 000 mètres carrés d’espace pour les collections permanentes et les expositions temporaires. En 2019, la Tate Modern a enregistré un nombre record de visiteurs.
Elle a également dirigé le musée pendant des périodes difficiles, celle de la pandémie de Covid-19, synonyme de pertes tant de revenus que de fréquentation. Le musée a par ailleurs dû faire face à des critiques soutenues dans le sillage du mouvement Black Lives Matter, étant accusé d’exclure les artistes noirs de son programme.
Frances Morris entend après son départ mener « des projets curatoriaux au Royaume-Uni et à l’étranger, rédiger un livre sur l’élargissement et la relecture de l’histoire du modernisme, et réfléchir aux réponses que le milieu de l’art peut apporter face à l’urgence climatique », indique un porte-parole de la Tate. Elle restera directrice émérite pendant une courte période pour « assurer une transition en douceur avec une nouvelle direction », ajoute-t-on.
« Alors que le public afflue à nouveau dans le musée, c’est le bon moment pour partir en beauté », a déclaré Frances Morris dans un communiqué. « Frances a joué un rôle capital à la Tate à bien des égards, de la défense des femmes artistes à l’expansion de la portée internationale de notre collection, et de la réalisation d’expositions radicales ayant marqué l’inauguration de la Tate Modern en 2000 à la supervision de l’expansion et de la transformation du musée en 2016 », ont déclaré Maria Balshaw, la directrice de la Tate, et Roland Rudd, le président de la Tate, dans un communiqué. Et d’ajouter : « Sa contribution à l’évolution de l’organisation de [la Tate, ndlr] au cours des 35 dernières années est incommensurable et ce fut un honneur de travailler avec elle. Nous savons qu’elle continuera à être une source d’inspiration et une amie pour nous tous à la Tate et pour beaucoup d’autres dans le milieu de l’art. »