C’est un très beau geste que s’apprête à faire Antoine de Galbert envers la ville qui l’a vu naître. Le collectionneur réunit actuellement un important ensemble de photographies, qui fera très prochainement l’objet d’un don au musée de Grenoble, dans l’Isère. « C’est totalement du mécénat, confie-t-il. Une partie des œuvres offertes proviennent de ma collection, et une autre de la Fondation Antoine de Galbert, qui dispose d’un budget important depuis la fermeture de la Maison rouge », son espace d’expositions ouvert jusqu’en 2018 à Paris. Très actif mardi soir, 8 novembre, au Salon Paris Photo, il a fait l’acquisition de huit œuvres destinées au musée de Grenoble, via sa fondation. Outre une photo anonyme du drapeau rouge hissé sur le Reichstag à Berlin, symbole de la fin du IIIe Reich (galerie Lumière des roses), il s’agit de photos d’Antoni Campañà (galerie RocioSantaCruz), Jean-Philippe Charbonnier (La Galerie Rouge), Alfred Eisenstaedt (Howard Greenberg), Sandra Eleta (La Galerie Rouge), Kati Horna (Gregory Leroy), Paolo Pellegrin (Magnum) et enfin un très beau portrait de la reine Élisabeth II de dos s’apprêtant à monter dans sa limousine, image iconique de Martin Parr (Clémentine de la Féronnière).
« L’ensemble réuni reflète un choix privé et subjectif, précise Antoine de Galbert. Il n’y aura pas de nus ni de paysages, mais une tonalité très géopolitique. Le tout forme un panorama pas très gai du XXe siècle, car celui-ci n’est guère joyeux, entre images historiques et connues et d’autres moins, ou anonymes. » Parmi les plus récentes figurent la belle série de quelque mille images sur le confinement et la pandémie signée Antoine d’Agata. Un certain nombre de photos ont déjà fait l'objet de dons au musée ces dernières années, de Paul Strand à Eric Baudelaire.
« J’arrêterai les achats en juin 2023 pour faire le catalogue, financé par la fondation », poursuit le collectionneur. Car la donation fera l’objet d’une exposition au musée de Grenoble en décembre 2023. Ce sera la dernière de son emblématique directeur, Guy Tosatto, à la tête de l’institution depuis vingt ans, qui consacrera juste avant un accrochage aux œuvres sur papier de Cy Twombly. « C’est Guy Tosatto qui m’avait signalé que le fonds photographique du musée méritait d’être étoffé. Il m’a laissé carte blanche, mais les choix se sont faits avec son accord », explique Antoine de Galbert, qui aide beaucoup les musées à travers sa fondation, et n’a pas oublié sa ville d’origine.