Christie’s a totalisé 421,9 millions de dollars lors des deux ventes du soir qui se sont tenues au Rockefeller Center le 17 novembre. Centrée sur les XXe et XXIe siècles, la première a réalisé 307,9 millions de dollars (frais compris) pour 69 lots vendus, tandis que la seconde a atteint 114 millions de dollars (frais compris) pour 35 lots. Ces résultats sont dus en grande partie à une série de garanties, avec au moins 41 garanties de tiers enregistrées dans la vente du XXe siècle, et au moins 7 dans celle du XXIe siècle. Huit records d’artistes ont été établis, dont trois pour la vente du XXe siècle et cinq pour celle du XXIe siècle.
La vacation a débuté avec Untitled (1971) d’Howardena Pindell, estimé de 500 000 à 700 000 dollars, vendu pour 850 000 dollars (1 million avec les frais). L’autre son de cloche (1952) de René Magritte, estimé de 2 à 3 millions de dollars, a rapporté 3 millions de dollars (3,6 millions de dollars avec les frais), et une deuxième œuvre de Magritte, Le monde visible (1963), estimée de 7 à 10 millions de dollars, a rapporté 7,8 millions (9,3 millions de dollars avec les frais). La composition surréaliste de Remedios Varo, Creación con rayos astrales (1955), estimée entre 2,5 et 3,5 millions de dollars, a atteint 2,8 millions de dollars (3,4 millions de dollars avec les frais).
Frau, das Gesicht verbergend (1912) d’Egon Schiele, estimé entre 1,5 et 2,5 million(s) de dollars, a été vendu 2,1 millions de dollars (2,5 millions de dollars avec les frais). Le bronze surréaliste d’Alberto Giacometti Femme couchée qui rêve, issu d’une fonte de 1959, estimé entre 3 et 5 millions de dollars, a atteint 3,1 millions de dollars (3,7 millions de dollars avec les frais). Le panier de pommes (1880) de Claude Monet – une œuvre du XIXe siècle proposée dans la vente du XXe siècle –, estimé entre 4 et 6 millions de dollars, a été adjugé pour 4 millions de dollars (4, 8 millions de dollars avec les frais). Autre tableau du XIXe siècle, Le bal de l’opéra d’Édouard Manet (1873), estimé de 4 à 6 millions de dollars, a été vendu pour 3,2 millions de dollars (3,9 millions de dollars avec les frais). Il s’agissait d’une provenance historique, Gertrude Stein en ayant été l’une des premières propriétaires.
Parmi les temps forts de la vente, Béatrice Hastings (devant une porte) (1915) d’Amedeo Modigliani, estimé entre 12 et 18 millions de dollars, a atteint 15 millions de dollars (17,5 millions de dollars avec les frais). Le chef-d’œuvre cubiste de Pablo Picasso, Buffalo Bill (1911), estimé entre 10 et 15 millions de dollars, a quant à lui à peine atteint 10,5 millions de dollars (12,4 millions de dollars avec les frais).
Dans l’après-guerre, Untitled II (vers 1978) de Willem de Kooning, issu de sa série légendaire de l’époque d’East Hampton, a été adjugé pour 27 millions de dollars, très en deçà de son estimation non publiée de l’ordre de 35 millions de dollars. La peinture était accompagnée d’une garantie de la maison, et Christie’s en est donc le nouveau propriétaire. Un diptyque de Joan Mitchell de 1989 a été vendu 12 millions de dollars (14,1 millions de dollars avec les frais), contre une estimation de 10 à 15 millions de dollars.
Plusieurs pièces issues de la collection des défunts marchands suisses Thomas et Doris Ammann se sont envolées. Untitled/Winsor (1965) de Robert Ryman, estimé de 6 à 8 millions de dollars, a été vendu à Susan Dunne de la galerie David Zwirner pour 10,7 millions de dollars (12,5 millions de dollars avec les frais). Self Portrait (1964) d’Andy Warhol, estimé de 3 à 5 millions de dollars, a été vendu au marchand Alberto Mugrabi pour 2,7 millions de dollars (3,3 millions de dollars avec les frais). Un Warhol plus tardif et plus grand, provenant également des Ammann, Hammer and Sickle (1976), estimé de 4 à 6 millions de dollars, a été vendu 3,6 millions de dollars (4,3 millions de dollars avec les frais). Le tondo de Roy Lichtenstein, Mirror #5 (1970), estimé de 3,5 à 5,5 millions de dollars, a atteint 2,6 millions de dollars (3,1 millions de dollars avec les frais). Un Mark Rothko tardif de 1969, estimé de 15 à 20 millions de dollars, s’est vendu pour 15 millions de dollars (17,5 millions de dollars avec les frais). La seule photographie de la vente était un lot vedette, l’emblématique Noire et Blanche (1926) de Man Ray, estimée de 1,8 à 2,2 millions de dollars, qui s’est envolée à 3,3 millions de dollars (4 millions de dollars avec les frais).
Avec la section du XXIe siècle, la soirée marathon a changé de vitesse. I see Red : Talking to the Ancestors (1994) de Jaune Quick-To-See Smith, estimé de 80 000 à 120 000 dollars, a établi un nouveau record pour l’artiste à 510 000 dollars (642 600 dollars avec les frais). 4 Guests (2019) de Salman Toor, estimé de 120 000 à 180 000 dollars, a atteint 680 000 dollars (856 800 dollars avec les frais). Congo #7 de Noah Davis s’est vendu pour un montant record de 1,4 million de dollars (1,5 million de dollars avec les frais), bien au-delà de son estimation de 400 000 à 600 000 dollars. Last Dance at the Annual County Gala (2016) de Toyin Ojih Odutola, estimé de 600 000 à 800 000 dollars, est parti pour 480 000 dollars (604 800 avec les frais). The Beautyful Ones (2012) de Njideka Akunyili Crosby, estimé de 4 à 6 millions de dollars, est parti pour un montant record de 3,9 millions de dollars (4,7 millions de dollars avec les frais). Surrender Painting Sunshine (2022) de Rashid Johnson a de son côté atteint le record de 2,45 millions de dollars (3 millions de dollars avec les frais).
Le lot phare de la vente, Sugar Ray Robinson (1982), de Jean-Michel Basquiat, estimé de 35 à 55 millions de dollars, n’a fait que 28,2 millions de dollars (32,6 millions de dollars avec les frais). « Je pense que c’est un tableau à 50 millions de dollars, a déclaré Alex Rotter, président du département Art 20/21 de Christie’s, qui a remporté l’enchère au téléphone avec un client anonyme. C’est un très bon résultat pour un très bon tableau ». La salle, semble-t-il, n’était pas de cet avis. La toile avait été vendue pour la dernière fois chez Christie’s à New York en novembre 2007 pour un prix marteau de 6,5 millions de dollars.
Autre lot des années 1980, le Jim Beam-J.B. Turner Train (1986) de Jeff Koons, estimé de 15 à 20 millions de dollars, est parti pour 14,5 millions de dollars (16,9 millions de dollars avec les frais). Une autre version (épreuve de l’artiste issue d’une édition de trois exemplaires) s’est vendue pour 33,7 millions de dollars (avec les frais) chez Christie’s à New York en mai 2014. Cela donne à réfléchir. Toujours liée à la scène artistique new-yorkaise des années 1980, la figure de breakdance renversée de Keith Haring en émail et pigment fluorescent sur métal, est partie pour 4,8 millions de dollars (5,8 millions de dollars avec les frais), dans l’estimation de 4 à 6 millions de dollars. C’est la troisième fois qu’elle est présentée aux enchères, après celle de mai 2006, où elle avait rapporté 553 600 dollars. Parmi les œuvres de la collection Ammann, le diptyque Bayonne (1986) d’Eric Fischl, estimé de 400 000 à 600 000 dollars, a été vendu 470 000 dollars (592 200 dollars avec les frais). Untitled (1993) de Christopher Wool, estimé de 8 à 12 millions de dollars, a rapporté 7,5 millions de dollars (8,9 millions de dollars avec les frais).
Les trois soirées de Phillips, Sotheby’s et Christie’s – sans compter les 1,6 milliard de dollars de la collection du cofondateur de Microsoft, Paul G. Allen, vendue par Christie’s la semaine dernière – ont rapporté 875,7 millions de dollars avec les frais, à comparer aux 967,9 millions de dollars cumulés par ces maisons en novembre 2021. En dépit d’une conjoncture économique et géopolitique difficile, le marché de l’art mondial bénéficie de beaucoup de liquidités et d’une abondance apparente d’acheteurs internationaux.