Festival dédié aux cultures est-ouest, « Un Week-end à l’Est » revient cette semaine pour sa 6e édition, jusqu'au 28 novembre. C’est Odessa qui est cette année à l’honneur, actualité oblige. Ironie du sort, c’est Kiev (Kyiv) qui avait jadis été l’invité du festival à ses débuts… Initié par Vera Michalski et par Brigitte Bouchard en 2016, il a pour point fort d’être concentré à Saint-Germain-des-Prés : les différents lieux impliqués sont facilement accessibles à pied, rendant la visite aisée.
Autre signe distinctif : les propositions ne se cantonnent pas aux arts visuels, car s’y ajoutent la littérature, le cinéma, des débats d’idées ou encore des concerts. Écouter, dans la cathédrale ukrainienne Saint-Volodymyr-le-Grand, rue des Saints-Pères, le poète Boris Khersonsky déclamer ses textes entre deux morceaux ukrainiens au piano et au violon a valeur de résistance. De même, c’est un acte de bravoure qu’a accomplie Solomia Savchuk, en charge du département d’art contemporain du complexe muséal national d’art et de culture de Mystetskyi Arsenal, institution phare de la culture à Kiyv et commissaire des expositions dédiées à Odessa. Elle souligne les difficultés à faire venir les œuvres depuis un pays en guerre, seuls quelques artistes résidant hors de l’Ukraine. Certains ont d’ailleurs été appelés au front… Les très jeunes photographes ukrainiens – Ivan Samoilov et Stanislav Boyko, 20 ans et 19 ans –, exposés à la galerie delpire & co, sont-ils satisfaits de présenter leurs travaux sur la guerre à Paris ? Kateryna Radchenko, directrice du festival Odessa Photo Days et ici commissaire de ce focus, répond qu’à cause des pannes d’électricité, ils sont injoignables… La France vient d’annoncer l’envoi de générateurs en Ukraine.
Dans l’ensemble, les œuvres exposées dans les différents espaces ne renvoient pas souvent frontalement à la guerre, à l’exception notable du court et poétique film d’animation de Mariam Gubenko. Celle-ci fait partie de la rafraîchissante exposition de groupe de jeunes artistes présentée à la galerie du Crous, à deux pas des Beaux-Arts de Paris, notamment, à l’étage, l’installation de Dasha Chechushkova. Par ailleurs, le Centre culturel tchèque accueille le travail photographique hors du temps de Yelena Yemchuk ; la galerie Berthet-Aittouarès, les sculptures de Sergiy Savchenko, figure historique ; la galerie Métamorphoses, les œuvres d’Igor Gusev. L’Espace des Femmes propose le travail d’Iryna Ozi Ozarynska, la Librairie polonaise les illustrations de Daria Filippova et Ievgen Velychev. Enfin, la mairie du 6e arrondissement dévoile les photos de Maksim Finogeev. Au final, un coup de projecteur sur une scène artistique méconnue.