« Leandro Erlich : Liminal », Pérez Art Museum Miami, jusqu’au 4 septembre 2023
Le Pérez Art Museum Miami (PAMM) présente la première rétrospective d’ampleur aux États-Unis consacrée à l’artiste conceptuel argentin Leandro Erlich. Le plasticien, qui a représenté l’Argentine à la Biennale de Venise en 2001, est surtout connu pour ses installations immersives qui créent des illusions d’optique, comme Swimming Pool (1999), une œuvre dans laquelle les visiteurs peuvent voir et photographier d’autres personnes immergées « sous l’eau » à travers une vitre transparente.
L’exposition du PAMM couvre trois décennies de la carrière de Leandro Erlich : les 16 œuvres installées dans le musée transforment les espaces en différents environnements familiers mais surréalistes, d’une salle de classe à une laverie automatique en passant par des fenêtres offrant des vues voyeuristes sur d’autres mondes. L’installation The Room (2006-2018), produite pour sa rétrospective au Mori Art Museum à Tokyo en 2017, montre la même pièce filmée sous 25 angles différents, critiquant ainsi les surveillances gouvernementales. Plusieurs autres œuvres ont également un caractère militant. G.A.
« Jamilah Sabur : The Harvesters », The Bass, Miami Beach, jusqu’au 30 avril 2023
Dans l’exposition monographique que lui consacre le Bass, l’artiste Jamilah Sabur, née en Jamaïque et basée à Bruxelles, poursuit son travail centré sur l’extraction minière en tant que métaphore de notre mépris de la nature, et de la propension des nations riches à privilégier les gains à court terme qui vont à l’encontre de la préservation de notre planète et de nos communautés.
Dans cette exposition, Jamilah Sabur, dont la pratique va de la vidéo et la performance à la sculpture et la peinture – ses idées « circulent avec fluidité entre les différents domaines », dit-elle – explore ces concepts à travers des peintures et des sérigraphies, et une installation vidéo. Certaines de ces œuvres donnent à voir les cycles naturels se produisant à des échelles incroyables, comme les ondes de Rossby, qui se déploient sur des centaines de kilomètres en plein océan. D’autres prennent pour thème des ressources naturelles inexploitées, comme les nodules de manganèse, riches sources minérales des profondeurs marines dont l’exploitation éventuelle fait l’objet d’une importante controverse. W.L.
« Miami is Not the Caribbean. Yet it Feels Like it », Oolite Arts, jusqu’au 11 décembre
« Miami fait-elle partie de la Caraïbe ? », s’interroge cette exposition organisée par Danny Baez. D’abord approché pour assurer le commissariat d’une exposition mettant à l’honneur des artistes latino-américains, ce dernier a rapidement changé de projet lorsqu’il s’est demandé si ce terme correspondait vraiment à ce qu’il essayait de transmettre. « Je ne voulais pas être enfermé dans la catégorie des Latinos, car je me considère comme un Caribéen, explique-t-il. Je voulais construire quelque chose qui reflète mes origines, et qui ait une sorte de lien avec Miami, étant donné le grand nombre d’immigrants originaires des Caraïbes. »
L’exposition comprend des œuvres de neuf artistes, qui ont tous des racines dans les Caraïbes mais sont actuellement basés soit à Miami, soit à New York. Les œuvres des artistes de Miami Monica Sorelle, Amanda Linares et Mark Fleuridor dialoguent avec celles des New-yorkais Destiny Belgrave, Kim Dacres, Jeffrey Meris, Na’Ye Perez, Bony Ramirez et Cyle Warner. Chacun s’inspire de ses racines caribéennes, beaucoup à travers la palette des couleurs utilisées et la représentation de paysages luxuriants ; d’autres portent un regard critique sur sa sinistre histoire coloniale. N.M.
« Hervé Télémaque : 1959-1964 », Institute of Contemporary Art, Miami, jusqu’au 30 avril 2023
Cette exposition présente plus d’une douzaine d’œuvres de jeunesse du peintre Hervé Télémaque, récemment disparu, né à Haïti avant de venir vivre à Paris. L’exposition comprend des peintures datant du bref séjour de l’artiste à New York, où il s’est installé en 1957 après avoir quitté Port-au-Prince, sa ville natale. Il s’est finalement installé à Paris en 1961, pour fuir la ségrégation raciale aux États-Unis à laquelle il a été confronté.
Dans les premières œuvres, comme No Title (The Ugly American) (1962-1964), peintes peu après son arrivée à Paris, l’artiste commence à s’éloigner de l’abstraction et à développer son propre style figuratif, tout en luttant contre l’héritage violent du colonialisme. La représentation d’une Vénus antique flotte à côté des portraits de Fidel Castro et du révolutionnaire haïtien Toussaint Louverture. D’autres personnages surgissent dans cette toile, certains portant des cheveux blonds, le mot « STOP » sortant de leur bouche. W.L.