C’est à une expérience esthétique d’une rare exigence que nous invitent les éditions Citadelles & Mazenod en reproduisant dans ses moindres détails le chef-d’œuvre de Wang Ximeng (1096-1119), jeune peintre chinois de l’époque Song. Réalisée en moins de six mois, cette exceptionnelle peinture de paysage déploie une succession de montagnes, de rivières et de vallées baignant dans une atmosphère irréelle de bleus et de verts de toute beauté. On sait qu’à la demande expresse de l’empereur Huizhong (1082-1135), ce panorama étourdissant de fraîcheur et de poésie fut monté sur un rouleau de soie en double étoffe. Les éditions Citadelles & Mazenod ont, quant à elles, adopté le format d’un dépliant de sept mètres de long qui offre au lecteur l’occasion inespérée de s’immerger pleinement dans les moindres nuances chromatiques de ce panoramique à la mode chinoise.
Mais au-delà de la délectation esthétique, c’est toute la profondeur de la philosophie taoïste qui s’exprime à travers ce rouleau aux allures de cheminement spirituel. Comme l’écrit joliment Shao Yan en guise de préface : « La peinture de paysage chinoise ne se limite pas davantage à l’art pur qu’à la seule technique. C’est un art philosophique, profondément ancré dans une perception du monde, de la société et de soi-même. La froide rationalité y rencontre la sensibilité intime. » Mais que l’amateur occidental se rassure ! Libre à lui de goûter en toute quiétude la virtuosité technique du jeune prodige Wang Ximeng et de se lover au creux de ses cimes et de ses vallées, dans lesquelles l’homme semble si petit, si humble...
« Yu Hui, Shao Yan, Mille lis de rivières et de montagnes. Peinture de Wang Ximeng (dynastie Song) », Paris, Citadelles & Mazenod, coffret illustré comprenant un livre accordéon de 32 pages et un livre de 180 pages, 187 illustrations avec reliure chinoise, 179 euros.