La Biennale de Venise a réduit et compensé ses émissions de CO2 pour atteindre la neutralité carbone pour les cinq événements organisés en 2022 par l’entité vénitienne, y compris la 59e Exposition internationale d’art qui a fermé ses portes le 27 novembre 2022. Alors que Venise subit les conséquences du changement climatique depuis plusieurs années, la Biennale espère faire de la ville un exemple mondial pour la manière dont les grandes manifestations artistiques peuvent réduire considérablement leur empreinte carbone.
« [Venise] est devenue un symbole de la fragilité environnementale et l’un des principaux exemples des défis auxquels le monde est confronté s’il ne prend pas de mesures pour lutter contre le changement climatique, a expliqué Roberto Cicutto, président de la Biennale, à The Art Newspaper. Atteindre la neutralité carbone a transformé la Biennale, à l’exemple de ses événements au niveau artistique, en un laboratoire mis à la disposition du monde entier ».
L’agence italienne de certification de la durabilité RINA a accordé le statut de neutralité carbone aux éditions 2022 des festivals d’art, de théâtre, de danse, de cinéma et de musique contemporaine organisés par la Biennale de Venise après que la structure a « travaillé dans deux directions » pour réduire les émissions de CO2 de 1 129 tonnes et en compensant celles résiduelles par l’achat de crédits carbone.
Parmi les mesures prises, citons le passage à des sources d’énergie renouvelables à 100 % sans émission de CO2, le recyclage des matériaux d’exposition tels que les tissus, la mise en place de bus électriques et de bateaux à moteurs hybrides pour le transport des visiteurs, l’utilisation de chariots élévateurs électriques pour la construction des expositions, le recours à des produits d’origine locale pour les services de restauration et l’engagement de réutiliser les éléments structurels des expositions de cette année pour la Biennale d’architecture de 2023. Simultanément, la Biennale de Venise a investi dans la production d’énergie renouvelable en Inde et en Colombie.
Le statut de neutralité carbone avait déjà été attribué en 2021 à la Mostra de Venise, son Festival international du film, qui fait partie des événements organisés par la Biennale. La structure propose désormais sur son site Internet une liste de conseils aux visiteurs pour réduire leur propre empreinte carbone. « Nous continuerons à diffuser des informations sur les changements apportés par la Biennale et sur les bonnes pratiques que les visiteurs peuvent directement mettre en œuvre eux-mêmes », a déclaré Roberto Cicutto.
D’autres foires et expositions d’art de premier plan ont déjà agi pour réduire leur propre empreinte carbone. Les salons Frieze et Art Basel, membres de la Gallery Climate Coalition qui s’efforce de réduire l’impact environnemental du secteur artistique, ont récemment pris une série d’engagements, notamment celui de réduire leurs émissions réelles d’au moins 50 % d’ici 2030 et d’atteindre le zéro déchet la même année. En France, la foire Art Paris mène une démarche d’écoconception en partenariat avec l’agence Karbone Prod. Les biennales, dont l’empreinte carbone est considérable, sont, comme les foires d’art, soumises à des pressions pour devenir plus durables.
Les mesures prises par la Biennale de Venise résonnent de façon particulière dans une ville directement impactée par le changement climatique, la montée des eaux entraînant des Acqua Alta de plus en plus fréquentes. Les inondations catastrophiques en 2019 ont endommagé des quartiers entiers de la ville.
La Biennale de Venise promet qu’elle continuera à réduire les émissions de CO2 de tous les festivals et, l’année prochaine, elle mesurera pour la première fois l’impact carbone de la Biennale d’architecture. « Pour 2023, les ressources disponibles sont les mêmes qu’en 2022, a déclaré Roberto Cicutto. Tous les secteurs et activités artistiques participeront à l’étude et à l’analyse de la réduction de l’impact carbone et ses modalités ».