Le Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa a rouvert ses portes au public le 21 janvier après une courte fermeture pour des travaux de maintenance générale. Son année 2022 a été marquée par des succès – en dépassant les attentes en termes de fréquentation et de satisfaction des visiteurs – mais aussi par quelques remous.
La directrice intérimaire Angela Cassie, qui a fait la une des journaux en novembre 2022 lorsque le musée a licencié quatre cadres supérieurs – dont la conservatrice en chef Kitty Scott et le conservateur de l’art indigène Greg A. Hill – a déclaré que le musée souhaitait « inciter une nouvelle génération de Canadiens à découvrir l’art et son pouvoir d’ouvrir les cœurs et les esprits ».
Entre-temps, selon le directeur de la communication de l’institution Douglas Chow, « un recrutement a été lancé pour les postes clés dans les domaines de la conservation, de la préservation et de la recherche. En attendant, ces postes ont été pourvus à titre intérimaire. »
La semaine dernière, le quotidien canadien Globe and Mail a rapporté que Tania Lafrenière, la consultante externe qui a supervisé ces licenciements et qui a assumé les postes de directrice des ressources humaines et de directrice de l’exploitation par intérim, touchait un salaire supérieur à celui du dernier directeur général du musée. Malgré ces polémiques liées aux ressources humaines qui focalisent l’attention, le musée a présenté des projets ambitieux pour cette année.
L’un des points forts sera sans conteste une grande rétrospective, du 27 octobre 2023 à avril 2024, consacrée à l’œuvre du peintre abstrait canadien Jean-Paul Riopelle. L’artiste décrit par le musée comme « un expérimentateur et un innovateur infatigable ancré dans le monde contemporain » aurait eu 100 ans cette année. L’exposition présentera une centaine de ses œuvres, ainsi que celles de contemporains : Joan Mitchell, Alberto Giacometti et Jackson Pollock, et d’autres d’artistes actuels tels que Caroline Monnet et Manuel Mathieu.
Montréalais, Jean-Paul Riopelle, qui a délaissé le pinceau au profit du couteau à palette, reste un artiste apprécié du public. Son tableau Vent du nord a atteint 7,4 millions de dollars canadiens [5 millions d’euros] lors d’une vente en 2017, ce qui en fait la deuxième œuvre la plus chère d’un artiste canadien aux enchères. Riopelle a même dépassé Robert Motherwell lors d’une vente à Toronto en 2022. Un projet de construction d’un musée Riopelle sur l’île où il a passé ses dernières années est en cours, tout comme une aile dédiée au Musée national des beaux-arts du Québec, à Québec.
Le 10 février, sera inaugurée l’exposition « Paul P. Amor et Mors », qui présentera des peintures, des dessins, des gravures et des sculptures de l’artiste torontois Paul P. et mettra l’accent sur ses influences et ses sources d’inspiration, notamment James Abbott McNeill Whistler et John Singer Sargent.
Le 3 mars, sera présentée « Uninvited : Canadian Women Artists in the Modern Moment », organisée par la McMichael Canadian Art Collection de l’Ontario. L’exposition rassemblera quelque 200 œuvres, notamment des peintures, des photographies, des sculptures, des textiles… Elle comprendra également une « exposition dans l’exposition », pour reprendre l’expression des organisateurs, une salle intitulée Ancestors' Gallery, qui présentera des œuvres d’artistes indigènes.
Artiste canadien de premier plan, Stan Douglas, qui a représenté le pays à la Biennale de Venise 2022, doit inaugurer une exposition monographique au Musée des beaux-arts en septembre. En novembre sera présentée la première grande exposition de l’artiste inuit Nick Sikkuark, une manifestation réunissant des dessins et des sculptures intitulée « Humour and Horror ». « L’humour et l’horreur sont deux extrêmes qui préoccupaient Sikkuark et qui sont très apparents dans ses œuvres, le plus remarquable étant lorsque les deux apparaissent dans une même œuvre », explique la commissaire, Christine Lalonde.