C’est un jugement qui risque de plomber le moral des deux fonds d’investissement français IDI et Chevrillon, ses principaux actionnaires : la société Culturespaces, acquise 33 millions d’euros en janvier 2022 et qui se veut « leader mondial des expositions immersives », vient selon Le Figaro, d’être condamnée, avec son PDG Bruno Monnier, par la 11e chambre correctionnelle du tribunal de Paris dans l’affaire des « Carrières des Lumières », sur la commune des Baux-de-Provence (Bouches-du-Rhône). L’ancien maire de la municipalité, Michel Fenard, est lui aussi rattrapé par la justice. C’est un nouvel épisode d’une guerre sans merci que se livrent la société spécialisée dans la gestion des lieux culturels Culturespaces et Cathédrale d’images, propriété de la famille du journaliste Jean Montaldo, son gérant.
Le conflit naît en 2008, lorsque Cathédrale d’images, société fondée par l’homme de presse et cinéaste français Albert Plécy, s’estime lésée par le non-renouvellement de son bail commercial qui l’autorise à développer son concept original d’« exposition immersive » sur le site des carrières des Baux-de-Provence. Ce concept qui mêle projection de tableaux de peintres célèbres et musique, se révèle être une manne financière et suscite bien des convoitises…
La cour a estimé recevable la constitution de partie civile par la société Cathédrale d’images et a reconnu, « Culturespaces coupable, lors de l’appel d’offres lancé par la mairie en 2008, d’avoir obtenu l’identité de leurs concurrents de façon déloyale – notamment en ayant activé ses réseaux au sein de son ancien propriétaire GDF-Suez – et d’avoir fait pression sur eux », selon Jean Montaldo, joint au téléphone. Ce dernier s’est d’ailleurs réjoui de son côté de « cette victoire totale » qui reconnaît, affirme-t-il, « la spoliation d’activité, la campagne de dénigrement et le favoritisme aggravé qui a permis ce « hold-up culturel » au mépris de toutes les conventions éthiques du commerce ».
Culturespace et Bruno Monnier ont pour leur part souligné dans un communiqué les « deux relaxes sur les trois chefs d’inculpation » et ont souligné qu’ils étaient « à ce jour présumés innocents ». Ils ont annoncé qu’ils comptaient interjeter appel.
En attendant un éventuel nouveau jugement, Culturespace est condamné à 100 000 euros d’amende et son PDG à 60 000 euros d’amende assorti de six mois de prison avec sursis. L’ancien édile des Baux-de-Provence, Michel Fenard, écope, lui, de quatre mois de prison avec sursis. Les trois prévenus devront en outre payer solidairement, au civil, 551 203 euros au titre d’indemnisation à la société Cathédrale d’images et 15 000 euros de frais de justice.
Cette décision du tribunal ne pouvait pas plus mal tomber pour l’entreprise culturelle qui a multiplié les projets à Amsterdam, Paris, New York ou Séoul. Dans une autre procédure, la Cour administrative d’appel de Marseille vient cet hiver de condamner la société à arrêter la gestion du site des Baux-de-Provence : elle devra rendre les clés en novembre 2023. Pour ne rien arranger, l’un des principaux contrats de Culturespaces – la gestion du musée Jacquemart-André à Paris – doit être prochainement renouvelé pour la période allant du 1er août 2023 au 31 décembre 2029.