Au château de Versailles, l’antichambre dite « de l’Œil-de-Bœuf », actuellement dans un état de dégradation important, va bénéficier d’une importante campagne de restauration, lancée ce mois de février 2023. Alors que l’unique intervention d’envergure dans cet espace remonte à plus de quarante ans, la voussure de la pièce se fissure, tandis que les lambris et dorures sont détériorés. Grâce à ce chantier, l’antichambre sera complètement restaurée, en particulier ses boiseries, les menuiseries et son éclairage. Dans une deuxième phase, les travaux concerneront les dessus-de-porte, la peinture-dorure, la sculpture et les peintures qui retrouveront une seconde jeunesse. L’espace sera également repensé pour garantir une meilleure conservation des œuvres, le système de détection des incendies sera amélioré, tout comme le traitement de l’air.
Emblématique du règne du Roi Soleil, l’antichambre de l’Œil-de-Bœuf est aménagée en 1701, lorsque Louis XIV entame d’importants travaux dans son appartement à Versailles. Situé entre la galerie de Glaces, la nouvelle chambre du roi et les petits cabinets de la reine, ce nouvel espace est destiné à accueillir quotidiennement les personnalités autorisées à assister aux petit et grand levers du roi, hiérarchisés en fonction de leur rang et de leur fonction auprès du souverain. À la demande de Louis XIV, cette antichambre plus vaste est créée à l’emplacement du salon des Bassans et de l’ancienne chambre du roi. La fenêtre arrondie qui y est installée côté sud donne son nom à la pièce.
Jules Hardouin-Mansart, premier architecte de Louis XIV, supervise les travaux avec l’aide de Robert de Cotte, qui recevra à son tour ce titre sept ans plus tard. À la jonction entre le style de Louis XIV et celui de Louis XV, l’antichambre de l’Œil-de-Bœuf ne s’embarrasse déjà plus des riches décors de marbre et des plafonds peints, auxquels on préfère ici opter pour le blanc. Les boiseries présentent aussi des motifs plus sobres. Les lambris, ornés de motifs de putti, de coquilles et de festons fleuris, suggèrent les prémices du style rococo qui s’imposera plus tard sous le règne de Louis XV.
Les travaux dans l’antichambre de l’Œil-de-Bœuf s’inscrivent dans le projet du « Grand Versailles » lancé en 2003 et visant à la restauration de l’ensemble du monument et de ses décors, la mise aux normes de sécurité du site et l’amélioration de l’accueil des publics.