Inauguré le 9 mai 1993, le Carré d’Art-Musée d’art contemporain de Nîmes, dont le bâtiment a été dessiné par l’architecte britannique Norman Foster, se dresse, immaculé, sur l’ancienne place du Forum romain, face à la Maison Carrée, temple romain du Ier siècle av. J.-C. dont il est un pendant contemporain. Pour fêter son 30e anniversaire, l’institution consacre sa programmation 2023 à la mise en valeur de sa riche collection d’art contemporain, en partie constituée au fil des ans grâce à des dons d’artistes, de collectionneurs et de galeries. Alors que ses premières acquisitions remontent à 1986 – un partenariat du ministère de la Culture et de la Ville de Nîmes –, le musée réunit désormais près de 600 œuvres, de 1960 à aujourd’hui. Trois axes majeurs se dégagent : le Nouveau Réalisme, Supports/Surfaces et la Figuration libre ; l’Arte povera ; l’art américain (Richard Artschwager, Allan Kaprow, Joseph Kosuth, Christopher Wool) et allemand (Gerhard Richter, Sigmar Polke, Albert Oehlen, Thomas Schütte). Le musée conserve également des ensembles de photographies de Sophie Calle, Annette Messager et Suzanne Lafont. Parmi les acquisitions récentes et dépôts figurent des pièces de Walid Raad, Ryan Gander, Georg Baselitz et Taryn Simon.
Jean-Marc Prévost, directeur de l’institution depuis 2002, a orchestré un programme d’expositions, animations et manifestations au sein du musée, de la bibliothèque du Carré d’art et de l’École supérieure des beaux-arts de Nîmes. Citons parmi les temps forts, du 9 mai au 17 septembre 2023, « La mélodie des choses. Regards sur la collection » – une sélection d’œuvres complétée par le regard de trois artistes, Tarik Kiswanson, Suzanne Lafont et Walid Raad.
« Il est intéressant de mettre à plat la collection à un moment donné, explique Jean-Marc Prévost. Il y a eu très peu de directeurs, chaque décennie correspond à des choix très visibles. Bob Calle [le fondateur du musée] a acheté très tôt Christopher Wool ou Steven Parrino. L’art allemand a été un axe fort, comme la photographie. Ces acquisitions correspondaient souvent à des expositions. Elles ont été faites au bon moment. Nous avons ainsi trois œuvres de Gerhard Richter, ce qui ne serait plus possible aujourd’hui compte tenu des prix sur le marché. Le musée disposait en outre d’un budget plus conséquent dans les années 1990. Dans la sélection pour ce 30e anniversaire, j’ai essayé de rendre compte de la collection, avec une part subjective, certaines œuvres qui m’intéressent peut-être plus que d’autres. J’ai aussi voulu que trois artistes liés au musée fassent des projets, assez différents, à partir de la collection. »
Le musée du Vieux Nîmes, le Muséum d’histoire naturelle, le musée des Beaux-Arts, le musée des Cultures Taurines et le musée de la Romanité sont associés à cette célébration à travers la présentation d’œuvres faisant écho à leurs propres collections.
« C’est une volonté politique de la part de la Ville de Nîmes, identifiée comme patrimoniale et romaine, de changer cette image et d’accorder une place plus importante à l’art contemporain dans le futur, poursuit Jean-Marc Prévost. C’est aussi un moyen de toucher un autre public. » Dans cette logique sera lancée dès 2024 une grande manifestation dédiée à l’art contemporain à Nîmes. Biennale, Triennale ? Les modalités restent à préciser. Seule certitude : sur le modèle d’autres municipalités – Montpellier, Arles… –, Nîmes entend bien faire sortir l’art de son pré… Carré.
Carré d’Art-Musée d’art contemporain, Place de la Maison Carrée, 30000 Nîmes.