« Faire d’Art Paris une foire de découverte et stimuler la venue de galeries émergentes pour qu’elles montent avec nous », telle est l’ambition de Guillaume Piens lorsqu’il prend la direction d’Art Paris en 2012. Ce dernier met rapidement en place le secteur Promesses, dédié aux galeries de moins de six ans d’existence, qui peuvent présenter jusqu’à trois artistes. La Foire prend en charge 45 % de leur coût de participation.
Cette année, le secteur est largement renouvelé, avec seulement trois galeries (sur neuf participantes) issues de l’édition précédente, tandis qu’une plus grande place est accordée aux structures étrangères. Trois galeries parisiennes – Anne-Laure Buffard Inc., Hors-Cadre et The Spaceless Gallery – sont ainsi installées aux côtés de la très pointue Baert Gallery (Los Angeles), de Rebelde (Guatemala City) et Felix Frachon (Bruxelles), déjà présentes en 2022, ainsi que de Gaep (Bucarest), Enari (Amsterdam), et la galerie angolaise basée à Lisbonne This is Not a White Cube.
LE GESTE ET LA MATIÈRE
Quant aux œuvres exposées, elles sont, aux yeux de Guillaume Piens, le reflet des tendances actuelles : « Il y a, d’un côté, la présence habituelle d’une certaine forme de peinture figurative que l’on retrouve chez
Baert ou Hors-Cadre, et de l’autre, des pratiques autour du geste artisanal revisité par les artistes d’aujourd’hui. »
Anne-Laure Buffard (venue de chez Nathalie Obadia) met en avant deux artistes coréennes (nées en 1997), les sœurs jumelles Park Chae Dalle et Park Chae Biole, et le Français Elie Bouisson (né en 1996). Tous trois font appel au geste de la main et aux techniques traditionnelles de la couture, et nouent un lien fort avec les éléments naturels. This Is Not a White Cube expose pour sa part deux artistes portugaises, Manuela Pimentel (née en 1978) et Vanessa Barragão (née en 1992), qui revisitent, à travers des afiches ou des sculptures textiles, le patri-moine ancestral et le geste artisanal.
Le geste et la matière sont au cœur du stand de Spaceless, où sont présentées les céramiques organiques de la plasticienne ukrainienne Olga Sabko (née en 1990) auprès d’une série de toiles peintes par le Français Quentin Derouet (né en 1988) avec pour seule ressource une rose rouge. La galerie guatémaltèque Rebelde montre le travail de trois femmes de générations différentes : l’une d’elles, Angélica Serech (née en 1982), originaire de la région de Comalapa, réinvente la tradition ancestrale du tissage maya pour créer des structures textiles singulières.
Enfin, la galerie Gaep met en lumière la technique du collage comme forme de résistance à travers les productions du Croate Damir Očko (né en 1977) et du Roumain Mircea Stănescu (né en 1954), figure centrale de la scène roumaine des années 1980. Guillaume Piens se réjouit que ce type de dialogues entre profils émergents et artistes à redécouvrir soit de plus en plus présent sur la Foire et dans le secteur Promesses.
Après une décennie de sélections ayant lancé plus d’une galerie, le succès de ce dernier n’est plus à prouver. L’on souhaite maintenant aux participants de cette édition éclectique et internationale, placée sous le signe d’un certain retour à la tradition, de se retrouver l’an prochain dans les allées du secteur général…