L’artiste Sylvie Fanchon est morte ce 14 avril 2023, des suites d’une longue maladie, à l’âge de 69 ans. Née à Nairobi, au Kenya, en 1953, diplômée de l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris en 1980, elle y a ensuite codirigé un atelier de 2001 à 2019. En 1987, sa première exposition personnelle à la galerie Françoise Palluel (Paris) donne à voir des œuvres se caractérisant par des formes géométriques, inscrites dans l’héritage moderniste de Kazimir Malevitch ou Piet Mondrian. Par la suite, au fil de différentes périodes, son vocabulaire puisera dans la culture populaire et le quotidien, non sans humour ni une certaine ironie.
« Durant 30 ans, sa peinture est restée fidèle à des moyens et propos radicaux répondant à une série de règles préalablement fixées : bichromie, planéité de la surface, absence de profondeur et formes schématisées à l’extrême, précise la galerie Maubert, qui la représente. La touche, le geste, la transparence, auparavant éliminés au profit de formes quasi-abstraites, puisées dans le monde qui nous entoure, reviennent aujourd’hui, proches de la parodie, du grotesque. Décontextualisées, ces formes pourtant familières se révèlent difficilement identifiables : Sylvie Fanchon joue ainsi entre l’inconnu et le reconnu, entre l’oubli et le travail de remémoration, laissant place à une multiplicité d’interprétations. »
Sylvie Fanchon, Sans titre (The purpose…), 2020. D.R.
« Je ne veux pas de prouesse technique, je privilégie la surface, sans jamais introduire la perspective, du volume, de l’ombre ou de la lumière, déclarait l’artiste dans la monographie (Beaux-Arts de Paris éditions) éditée à l’occasion de sa donation et de l’entrée dans la collection des Beaux-Arts de son œuvre Caractères. La peinture se résume à un constat simple : quoi peindre et comment peindre, ainsi que le dit Gerhard Richter. Décontextualiser des éléments de notre culture visuelle en les retravaillant de façon impersonnelle, c’est-à-dire sans affects ni pathos, opère un raccourci, un télescopage, qui nous oblige à réajuster nos perceptions, et à vérifier ainsi combien notre regard est construit par nos cultures et nos valeurs. Il ne s’agit pas pour moi de susciter l’adhésion pour faire technique, mais bien de donner des "secousses mentales" et de perturber nos certitudes ».
Une cinquantaine de ses œuvres est conservée dans les collections publiques, notamment au Centre national des arts plastiques (Cnap), au MAC VAL, au Centre Pompidou et dans plusieurs fonds régionaux d’art contemporain. L’artiste a également bénéficié d’expositions personnelles au Centre régional d'art contemporain Occitanie (Crac) à Sète (2015), au FRAC Franche-Comté (2018) ou encore à l’Espace de l’Art Concret (2019).
Les œuvres de Sylvie Fanchon sont actuellement visibles dans les expositions collectives « Les professeurs gribouillent aussi » au cabinet d'arts graphiques des Beaux-Arts de Paris (jusqu'au 21 avril 2023) et à « Circulus » à la galerie Papillon (jusqu'au 6 mai 2023).