Ce n’est pas en référence au Roi des Aulnes de Goethe, mais au saule pleureur du quai Voltaire que l’artiste Olivier Masmonteil a conçu une œuvre pour le Carré Rive Gauche et ses fameux « 5 Jours de l’objet extraordinaire ». Une volonté de l’association de marchands et d’antiquaires de s’ancrer dans l’époque actuelle, tout en adressant un clin d’œil aux nombreux professionnels du marché de l’art installés quai Voltaire. L’événement revient cette semaine dans les 6e et 7e arrondissements de Paris.
Face à la pression de la mode, les antiquaires font de la résistance. « Que ce soit à Londres, Milan, Turin ou Madrid, il n’y a presque plus de quartiers d’antiquaires dignes de ce nom. Au Carré Rive Gauche, nous sommes un peu les derniers des Mohicans », explique Marie Blancard, présidente jusqu’à récemment de l’association créée en… 1977 ! Elle vient de passer le relais à Marie Biancarelli. Le bureau a d’ailleurs été renouvelé tout récemment, avec pour vice-président Nicolas Bourriaud, spécialiste en sculpture ; pour trésorière, Julie Béalu, spécialiste en céramique ; pour secrétaire générale, Laurence Werlé, spécialiste en céramique chinoise ; et enfin, pour secrétaire, un nouvel arrivant, François-Xavier Chamagne, marchand de design du XXe siècle.
Tous affiliés à des chambres d’experts, les 70 adhérents ouvriront leurs portes en grand pour ces « 5 Jours de l’objet extraordinaire ». L’objectif ? Mettre en avant des pièces exceptionnelles, « mais pas forcément très chères, contrairement à ce que l’on peut penser. Il est de nombreux domaines où les prix restent raisonnables pour de véritables chefs-d’œuvre », précise la présidente sortante. Arts décoratifs, archéologie, bijoux, mobilier, design, céramique, de l’ancien au moderne, les pièces proposées reflètent l’incroyable diversité de ce métier… et des goûts des amateurs ! Ainsi, Nicolas Bourriaud dévoilera le bronze Pêcheur napolitain à la tortue par François Rude (1784-1855), sculpteur entre néoclassicisme et romantisme. À propos de cette fonte posthume, la galerie précise qu’« aucun exemplaire de ce modèle en taille 1 n’a été fondu du vivant de l’artiste » et que « seuls deux bronzes dans cette dimension sont identifiés à ce jour ».
Philippe Guégan exposera une suite de quatre chaises ajourées du motif gothique du trèfle, d’époque Restauration (vers 1820), qui évoque, selon l’antiquaire, des exemplaires créés à la fin de la période Empire par la maison Jacob Desmalter. Un fauteuil de ce type se trouvait dans la collection du prince Henri de La Tour d’Auvergne vendue par Sotheby’s en 2012. JM Béalu & Fils proposera un service de déjeuner Bouret en porcelaine tendre de Sèvres, daté de 1757 et orné de nuages roses d’après François Boucher. Franck Baulme présentera pour sa part un portrait de jeune homme attribué au peintre Jacob Ferdinand Voet au XVIIe siècle. Marie Biancarelli mettra à l’honneur un médaillon représentant Napoléon en César, « la tête ceinte de la couronne de lauriers portée le 26 mai 1805 lors de son couronnement à Milan », travail sur cornaline (vers 1810). Spécialiste en antiquités gréco-romaines, la galerie Chenel montrera un Esculpe romain taillé dans le marbre vers le Ier-IIe siècles après J.-C. Delalande proposera de son côté un étonnant sablier d’apparat en laiton estampé et émaux, travail de Nuremberg (vers 1690). Il proviendrait de la succession du compositeur Franz Liszt. Des objets, mais aussi des histoires peu banales à découvrir en flânant rive gauche !