L’artiste conceptuel allemand Hans-Peter Feldmann est mort le 30 mai 2023, à l’âge de 82 ans. Né en 1941 à Hilden (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), il étudie la peinture à l’Universität für künstlerische und industrielle Gestaltung de Linz, en Autriche. En 1968, il commence à produire ses premiers livres artisanalement – des reproductions d’images préexistantes, regroupées par thème, le plus souvent sans légende. Désireux de rester en marge du monde de l’art, il réalise ses propres livres entre 1979 et 1989, date à laquelle le conservateur Kasper König le persuade d’exposer à nouveau son travail en galerie. En parallèle, l’artiste a tenu un magasin de jouets et d’antiquités de 1975 à 2015.
Hans-Peter Feldmann, qui a participé à plusieurs éditions de la Documenta de Cassel et de la Biennale de Venise, n’a cessé de compiler les images des autres, revisitées dans des détournements souvent critiques, où pointent malice et kitsch. Faisant son miel de l’imagerie populaire comme de la grande peinture, il a systématisé l’utilisation de visuels de catalogues, de photos de magazines, de cartes postales, d’instantanés d’amateurs – collectionnés et archivés de manière compulsive dans des carnets – ou de toiles anciennes, de facture classique, pour mieux les détourner avec impertinence, parfois trivialité. La répétition d’un même motif – un lit défait, des jambes de femmes, des peintures marines… – fait œuvre.
Qu’il affuble George Washington d’un nez rouge de clown sur un billet d’un dollar américain, réalise un livre entier reproduisant des images, issues de journaux, de morts violentes dans l’histoire allemande récente (Die Toten 1967-1993), présente une exposition composée d’une série de 101 portraits photographiques de personnes âgées de 8 mois à 100 ans (« 100 Years » au MoMA PS1, à New York, en 2004) ou produise une version colorée très personnelle du David de Michel-Ange, Hans-Peter Feldmann joue constamment des frontières entre copie, original et multiple.
« C’est avec une grande tristesse que nous annonçons le décès de Hans-Peter Feldmann. Avec lui, nous avons perdu un artiste étonnant et extraordinaire. Sa personnalité unique et sa compréhension artistique du monde dans lequel nous vivons resteront vivantes dans l’œuvre qu’il a laissée derrière lui. Nos cœurs et nos pensées vont à sa femme bien-aimée, Uschi, avec qui il a partagé l’art et la vie pendant de nombreuses années. Hans-Peter, tu nous manques beaucoup ! » ont déclaré de concert les galeries qui le représentent : 303 Gallery, Martine Aboucaya, Mehdi Chouakri, Konrad Fischer, Simon Lee, Francesca Pia, Projecte SD et Barbara Wien.