Le parcours de Jonathan Fine, depuis son enfance à New York jusqu’à sa nomination au poste de directeur général du Kunsthistorisches Museumsverband (KHM) de Vienne, a été varié, il a notamment exercé la profession d’avocat pendant de nombreuses années. Depuis juillet 2021, il est directeur scientifique du Weltmuseum à Vienne, l’un des musées qu’il supervisera lorsqu’il prendra ses nouvelles fonctions en 2025.
Ses deux années passées à Vienne, ainsi que son doctorat en histoire de l’art qui l’a amené à étudier les collections des Habsbourg, lui ont permis de bien connaître l’institution qu’il va diriger. Sa priorité absolue, dit-il, est d’améliorer le profil international du KHM.
« Lorsque l’on nous compare à des institutions homologues dans d’autres pays, nous sommes tout simplement moins connus, même si nos collections sont tout aussi spectaculaires, explique-t-il. La deuxième priorité n’est pas seulement d’accroître notre public, mais aussi d’ouvrir la maison à des publics plus larges et de la rendre plus accessible. J’aimerais que les habitants de Vienne se sentent chez eux ici et considèrent le musée comme leur salon et leur espace de divertissement en dehors de la maison. »
À partir du 1er janvier 2025, Jonathan Fine sera responsable du Kunsthistorisches Museum, du Weltmuseum et du Theatermuseum. Leurs collections, qui sont en grande partie le fruit de siècles d’acquisitions passionnées par les empereurs et les archiducs de la dynastie des Habsbourg, vont de l’égyptologie, la numismatique, l’armurerie et la peinture aux merveilles naturelles et aux artefacts accumulés au cours de multiples expéditions dans des régions éloignées du monde.
Lors d’une conférence de presse organisée le 29 juin à Vienne pour annoncer cette nomination, Andrea Mayer, la ministre autrichienne de la Culture, a déclaré que Jonathan Fine « comprend les questions brûlantes auxquelles les musées sont confrontés aujourd’hui » et « défend un concept tout à fait moderne d’un musée qui aborde des questions sociales ».
Né à New York en 1969, Jonathan Fine est titulaire d’une licence en histoire de l’université de Chicago et d’une licence en littérature anglaise de l’université de Cambridge, ainsi que d’un diplôme professionnel en droit de l’université de Yale. Son doctorat en histoire de l’art, obtenu à l’université de Princeton, portait sur les trônes en perles du royaume de Bamum, au Cameroun. Il confie devoir sa maîtrise parfaite de l’allemand à un programme d’échange d’étudiants, grâce auquel il a vécu en Allemagne de l’Ouest pendant un an à l’âge de 14 ans.
Jonathan Fine estime que ses années de pratique en tant qu’avocat, axées sur les litiges commerciaux internationaux, le droit constitutionnel et les droits de l’homme, lui sont utiles dans ses fonctions actuelles et futures. « Le métier d’avocat vous apprend à voir les problèmes sous différents angles, explique-t-il. Et à ne pas penser qu’il n’y a qu’une seule réponse à des problèmes compliqués, mais à les aborder avec objectivité. »
Avant de prendre ses fonctions à Vienne, Jonathan Fine a été responsable des collections du musée d’ethnologie de Berlin et conservateur des collections d’Afrique de l’Ouest, du Cameroun, du Gabon et de la Namibie. Il a été étroitement associé au projet du musée de restitution de bronzes du Bénin au Nigeria.
Peu après son arrivée en Autriche, il a été nommé à la tête d’une commission d’experts qui a présenté la semaine dernière des recommandations au gouvernement sur la manière de traiter les restitutions d’objets conservés dans les musées nationaux, acquis dans un contexte colonial. « Ce sujet m’accompagnera lors de mon passage de directeur du Weltmuseum à la direction générale du Kunsthistorisches Museumsverband, déclare-t-il. Le Weltmuseum, mais aussi le Kunsthistorisches Museum, possèdent des collections qui pourraient être affectées par une nouvelle loi. »
Une troisième priorité, selon lui, sera la durabilité, à la fois écologique et économique. « Nous pouvons repenser de nombreuses manières de procéder, dit-il. D’autres institutions font de grands progrès pour adopter un modèle plus durable pour les musées, ce qui sera très important pour moi. »