Les ventes consacrées à l’art des XXe et XXIe siècles ont totalisé 121 millions d’euros la semaine dernière à Paris chez Christie’s, avec un taux de lots vendus élevés, soit 89 %, et des enchères en provenance de 50 pays… Elles ont donc rivalisé avec les sessions organisées par Christie’s la semaine précédente à Londres (124,4 millions de livres, soit 143 millions d’euros, sans les ventes online), sans toutefois les égaler. « Avec cette série de ventes exceptionnelles, Christie’s Paris s’inscrit pleinement dans la dynamique d’une semaine Paris+ qui prend désormais toute sa place sur la scène mondiale. En proposant une collection d’art contemporain des plus exigeantes et une série d’œuvres emblématiques et de qualité muséale, comme celle de Joan Miró, Christie’s répond aux attentes du marché. En concevant un programme de ventes foisonnant, qui va de l’École de Pont-Aven à Adrian Ghenie, en passant par Lucio Fontana et François-Xavier Lalanne, Christie’s a présenté des œuvres inédites et rares aux justes estimations », a déclaré Cécile Verdier, présidente de Christie’s France.
Ce sont 17 œuvres qui ont dépassé le million d’euros chez Christie’s à Paris. Dont deux enchères au-dessus de 15 millions d’euros.
La première concerne Femmes, lune, étoiles, tableau peint en 1949 par Joan Miró. Un sillage d’or pour ce tableau dont se séparait… la Colombe d’or, la mythique auberge de Saint-Paul de Vence, grand rendez-vous des artistes. Une provenance qui contribue à expliquer le prix obtenu par la peinture : 20,7 millions d’euros avec les frais. L’estimation était « sur demande », mais l’agence Reuters avait annoncé 20 millions d’euros.
En outre, un nouveau record du monde a été enregistré pour François-Xavier Lalanne, avec Rhinocrétaire I, imposant meuble rhinocéros, à 18,3 millions euros. Ce prix « établit François-Xavier Lalanne comme l’un des grands sculpteurs de la seconde moitié du XXe siècle », s’est félicitée Cécile Verdier face au public, avant d’abattre le marteau.
La collection d’art contemporain Anne et Wolfgang Titze, évaluée entre 6,5 et 9,6 millions d’euros, a engrangé 27,7 millions d’euros pour 39 lots. Une œuvre de Yayoi Kusama a atteint 3 millions d’euros avec les frais, tout comme une peinture de Gerhard Richter ; une toile d’Agnes Martin a été vendue 2 millions d’euros. La palme revient à Blue Magic de Julie Mehretu, qui a récolté 3,9 millions d’euros avec les frais.
La Collection Sam Josefowitz, centrée sur les nabis, a récolté 7,6 millions d’euros avec les frais, pour 28 lots, contre une estimation hors frais de 6,3 à 9,3 millions d’euros. D’autres œuvres de cette même collection ont enregistré, lors des ventes à Londres et Paris, plusieurs records du monde, notamment pour Félix Vallotton, Akseli Gallen-Kallela et Aristide Maillol – pour une peinture de l’artiste.
Chez Sotheby’s, la vente « Modernités » a engrangé 37,5 millions d’euros, avec des prix importants pour René Magritte, František Kupka, Lucio Fontana, Yves Klein ou Jean Hélion (auquel Franck Prazan consacrait tout son stand à la Foire Paris+ par Art Basel). Le lot phare, La Valse Hésitation de René Magritte, a obtenu 11,2 millions d’euros. Neuf lots ont atteint ou dépassé 1 million d’euros en comptant les frais, pour Yves Klein, František Kupka, un autre tableau de René Magritte, mais aussi Lucio Fontana (trois fois), Pierre Soulages ou Jean Dubuffet.
Chez Artcurial, la collection européenne baptisée « Eclectic Eye » a totalisé 6,2 millions d’euros, avec plus de 80 % des 160 lots vendus, et des beaux prix pour Pierre Bonnard, František Kupka, Giuseppe Penone ou encore Peter Doig… Une huile sur carton de Maurice Denis a été acquise par le Nationalmuseum de Stockholm, en Suède.
Ces résultats solides pour les collections notamment et une pluie d’enchères millionnaires montrent indéniablement le renforcement de la place parisienne face à Londres, à la faveur du Brexit. Christie’s n’hésite d’ailleurs plus depuis l’année dernière à proposer à Paris, et non plus à Londres, sa vacation d’art italien « postwar ». « Des tableaux italiens si importants seraient jadis passés à Londres, jamais à Paris », confie un advisor. Une tendance favorable à ce côté-ci de la Manche…