Exit le mot « Biennale », qui n’avait plus beaucoup de sens depuis l’annualisation de l’événement, mais incarnait encore la marque et le prestige du plus important Salon d’art et d’antiquités français. Place à FAB Paris, nouveau nom de l’entité regroupant les Salons Fine Arts Paris et La Biennale des Antiquaires. Les oreilles étrangères entendront-elles implicitement fabulous dans cet intitulé ? Toujours est-il que l’événement gagne en envergure. En quittant le Carrousel du Louvre pour le Grand Palais Éphémère, à Paris, il accueille 25 % d’exposants en plus, soit 110 galeries en tout. « Nous avons réussi à grandir tout en maintenant des critères de sélection élevés », confie Louis de Bayser, président de FAB Paris.
Parmi les convives, 41 exposants font le déplacement pour la première fois, pour moitié étrangers (certains avaient déjà participé à la seule Biennale des Antiquaires). Soit quelque 40 % du plateau ! « Plusieurs marchands ont décidé de venir aussi parce que c’est à Paris, en plein boom, explique Louis de Bayser. C’est là où il faut être. FAB Paris bénéficie à l’évidence de cette très bonne image ainsi que de la programmation exceptionnelle des musées parisiens à cette période : de “Naples” au Louvre à “Rothko” à la Fondation Louis-Vuitton en passant par “Van Gogh” au musée d’Orsay. » Parmi les nouvelles venues, les enseignes allemandes Neuse et Ludorff, suisse von Vertes, belge Bernard de Grunne, britannique Whitford Fine Arts, espagnole Mayoral, ou encore Tenzing (San Francisco, Hong Kong), spécialisée en arts asiatiques et en particulier bouddhique de l’Himalaya. Et du côté des françaises : Anne-Sophie Duval en arts décoratifs modernes, Demisch Danant en design français d’après-guerre, Boulakia…
En réalité, presque toutes les spécialités s’étoffent pour ce cru 2023, scénographié en un temps record (treize jours au total en incluant le Salon !) par l’architecte d’intérieur Sylvie Zerat.
PLUS DE 40 NOUVEAUX MARCHANDS
Les arts premiers – représentés par Anthony Meyer, Flak, Monbrison (France), Patrick et Ondine Mestdagh (Belgique), Montagut (Espagne) – se renforcent avec l’arrivée de Bernard de Grunne (Belgique), Lucas Ratton, Schoffel de Fabry et Yann Ferrandin (France). Une conséquence certaine des complications récentes de ce marché en Belgique, où la Brafa a vu fondre en janvier le nombre de ses exposants dans ce domaine. En peinture, sculpture ou mobilier anciens, la galerie allemande Neuse, l’espagnole Ana Chiclana, et la néerlandaise Van der Meij Fine Arts rejoignent les fidèles Perrin (France, Royaume-Uni), de Jonckheere (Suisse), Aaron (France, États-Unis), Steinitz, Léage, Sarti, de Bayser, Terrades ou encore Michel Descours (France). Autre point fort de Fine Arts Paris, la sculpture se développe également avec la venue du Parisien Benjamin Proust et des Bruxellois Desmet et Dei Bardi Art, que complète la présence des galeries françaises Xavier Eeckhout, Sismann, Malaquais, Trebosc & Van Lelyveld et Univers du Bronze.
L’art moderne monte lui aussi en puissance : les enseignes Aktis (Royaume-Uni), Hélène Bailly, A & R Fleury, Loeve & Co, Najuma et Zlotowski (France) s’installent le long des allées du Salon, auquel participaient déjà Applicat-Prazan, Berès, La Présidence (France), de la Béraudière, Laurentin (Belgique), Rosenberg (États-Unis) ou Tamenaga (France, Japon). Soit une vingtaine de marchands. Même si des œuvres sont accrochées sur certains stands comme celui de von Vertes avec, entre autres, un important tableau de Yayoi Kusama, la présence de l’art contemporain reste plutôt marginale, avec tout de même la participation des galeries parisiennes RX et Christophe Gaillard.
En archéologie, les spécialistes Cahn (Suisse), Eberwein (Allemagne, France) et Cybèle retrouvent Tarantino et Kevorkian (France). En bibliophilie, Benoît Forgeot et Autographes des Siècles se joignent à Jean-Baptiste de Proyart. Sans oublier sept enseignes de joaillerie !
LES POINTS D’ORGUE
Parmi les temps forts, les visiteurs ne sauraient manquer les panneaux en laque créés pour la salle de bains de la duchesse d’Albe par Armand-Albert Rateau présentés par la galerie Anne-Sophie Duval. Une redécouverte ! Le marchand Matthieu Richard propose quant à lui une importante console de Jacques Adnet réalisée pour la grande salle des commissions du palais des Consuls, à Rouen, en 1956. La galerie Boulakia montre entre autres Les Mariés de Marc Chagall sur masonite. De Jonckheere présente un superbe tableau de Pieter Brueghel le Jeune, l’iconique Paysage hivernal à la trappe aux oiseaux. Patrick et Ondine Mestdagh exposent une précieuse canne Luba du Congo… La galerie Enrico Frascione dévoile un dalmatien peint à l’huile sur toile par Pandolfo Reschi, qui pourrait avoir été l’un des animaux de compagnie des Médicis.
Pour pimenter cette édition, le Mobilier national est invité également au Salon, où il donne à voir des pièces de ses collections dans une scénographie de Paul Bonlarron, lauréat du prix Mobilier national Design Parade 2022. Enfin, Gautier Capuçon apporte une note musicale : le célèbre violoncelliste révèle ses coups de cœur parmi les exposants. Sans oublier un programme VIP dans les musées.
Last but not least, le Salon consacre un gros plan à de tout jeunes marchands sélectionnés par Carole Blumenfeld – collaboratrice de The Art Newspaper Édition française –, Mathieu Deldicque et Cécilia Hottinguer : Nicolas Fournery, Marianne Paunet et Yasmina Sabrier, Paul-Antoine Richet Coulon, Rémi Chiappone et Louis Barrand présentent chacun une seule œuvre à moins de 10 000 euros. La profession se renouvelle, elle aussi !
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FAB Paris, 22-26 novembre 2023, Grand Palais Éphémère, 2, place Joffre, 75007 Paris.