Le Premier ministre britannique Rishi Sunak se retrouve au cœur d’une polémique sur les marbres du Parthénon après avoir annulé une réunion avec le Premier ministre grec qui devait avoir lieu hier, 28 novembre. En début de semaine, le dirigeant grec, Kyriakos Mitsotakis, a déclaré à la BBC que lors de sa visite à Londres, il continuerait à faire pression pour obtenir un accord concernant les sculptures du Ve siècle avant J.-C. conservées au British Museum.
« Il est tout à fait regrettable qu’une réunion prévue de longue date entre deux Premiers ministres ait été annulée de cette manière, à la dernière minute, apparemment en raison du différend sur les marbres du Parthénon, a déclaré Alexander Herman, auteur de The Parthenon Marbles Dispute : Heritage, Law, Politics (Bloomsbury Publishing) à The Art Newspaper. Si c’est avéré, cela érige ce différend à un tout autre niveau ».
Kyriakos Mitsotakis a rencontré le leader travailliste Keir Starmer le 27 novembre. Avant les discussions, ce dernier a indiqué qu’il était ouvert à un accord de prêt « mutuellement acceptable pour le British Museum et le gouvernement grec ». Après que Rishi Sunak a annulé de la réunion prévue avec Kyriakos Mitsotakis, ce dernier a décliné la proposition de rencontrer à la place le vice-premier ministre, Oliver Dowden.
Selon la lettre d’information quotidienne Politico, Rishi Sunak aurait été « irrité » par les propos de Kyriakos Mitsotakis, à tel point qu’il aurait décidé de suspendre leurs discussions alors que le Premier ministre grec était au milieu de son voyage officiel de trois jours à Londres. « J’exprime mon mécontentement quant au fait que le Premier ministre britannique ait annulé notre rencontre quelques heures seulement avant qu’elle n’ait lieu, a réagi Kyriakos Mitsotakis. Qui croit à la justesse et à la légitimité de ses positions n’a jamais peur de se confronter à des arguments contradictoires. »
Cette polémique a suscité un déluge de commentaires sur les réseaux sociaux. « La diplomatie ne consiste pas à contrarier inutilement des amis », a écrit le journaliste Robert Shrimsley sur X (anciennement Twitter). D’autres posts sur X ont exprimé leur inquiétude sur le fait que « le British Museum serait confronté à une avalanche de réclamations pour d’autres artefacts du monde entier s’il acceptait cette demande ».
La loi de 1963 sur les musées britanniques interdit actuellement la restitution complète des pièces. Au cours des 40 dernières années, le gouvernement grec a officiellement revendiqué les marbres du Parthénon et exprimé son désir qu’ils viennent compléter la présentation des sculptures issues du monument au musée de l’Acropole à Athènes. « Notre position est claire : les marbres d’Elgin font partie de la collection permanente du British Museum et doivent y rester », a de son côté affirmé à la BBC une source haut placée du parti conservateur britannique.
Sam Coates, rédacteur en chef adjoint du service politique de Sky News, souligne la complexité de la situation dans un post sur X : « Le problème avec les marbres d’Elgin est que le 10 [Downing Street] refuse d’exclure l’idée d’un prêt temporaire. Ils ne la mettent pas en avant mais n’y renoncent pas. Il existe une petite chance que cela puisse se faire sans changements législatifs – la ligne rouge apparente – et le gouvernement ne rejette pas complètement cette option ». « Le British Museum est, et devrait toujours être, une institution indépendante, ajoute Alexander Herman. Par conséquent, si les administrateurs peuvent agir dans le cadre de la loi de 1963 sur le British Museum, ils devraient être autorisés à [prêter les marbres] ».
Les marbres du Parthénon sont conservés au British Museum depuis 1816, après avoir été détachés du temple du Parthénon sur l’Acropole d’Athènes par des agents travaillant pour l’aristocrate écossais Lord Elgin, alors ambassadeur auprès de la cour ottomane. Les sculptures ont été installées dans les salles du British Museum à partir de 1817.
L’année dernière, nous avions annoncé que le British Museum allait donner la priorité à la rénovation de ses salles grecques et assyriennes, délabrées, dans le cadre de son projet Rosetta. Bien que l’ensemble du musée doive bénéficier d’un plan de rénovation, aucune partie du bâtiment ne nécessite une attention plus urgente que l’aile occidentale, la plus ancienne du musée, qui abrite l’art grec et romain.