Dans le collimateur de la justice, Vittorio Sgarbi, critique d’art italien et commentateur controversé de la vie culturelle, âgé de 71 ans, a démissionné de son poste de secrétaire d’État à la Culture avec effet immédiat, suscitant une avalanche de messages de satisfaction de la part de ses adversaires politiques.
« Je démissionne avec effet immédiat de mon poste de secrétaire d’État et j’enverrai une lettre à [la Première ministre Giorgia] Meloni », a-t-il déclaré lors d’un discours prononcé le 2 février 2024 en marge d’une conférence organisée à Milan sur l’avenir économique de l’Italie.
« Mieux vaut tard que jamais », a commenté sur X Tomaso Montanari, éminent historien de l’art classé à gauche.
La pression sur Vittorio Sgarbi pour qu’il démissionne s’est accrue après que des procureurs de Macerata [ville des Marches] ont lancé une enquête contre lui en janvier. Il aurait en effet acquis La Cattura di San Pietro [La capture de Saint Pierre] (1637-1639) – un tableau attribué à Rutilio Manetti, volé au Castello di Buriasco, dans le Piémont, en 2013 – par des moyens illicites, avant d’ajouter une torche à la toile pour en dissimuler l’origine. Une alliance de politiciens de l’opposition, comprenant des élus du Mouvement cinq étoiles, a ensuite déposé une motion de censure qui devait être votée au parlement italien le 15 février.
Dans une autre affaire, l’autorité italienne de la concurrence a lancé une enquête en octobre 2023 à la suite d’une plainte déposée par Gennaro Sangiuliano, le ministre de la Culture, afin de déterminer si les rémunérations perçues par Vittorio Sgarbi pour ses apparitions publiques étaient compatibles avec son travail en tant que fonctionnaire du ministère. Avant cette plainte, Vittorio Sgarbi avait publiquement attaqué un certain nombre de décisions politiques prises par Gennaro Sangiuliano.
Vendredi, Vittorio Sgarbi a déclaré qu’il avait décidé de démissionner après avoir reçu une « longue lettre confuse » de l’Autorité de la concurrence affirmant que ses interventions culturelles étaient « incompatibles, illégales, hors-la-loi ». Selon lui, quitter son poste de secrétaire d’État lui permettra d’honorer ses engagements. « À partir de maintenant, je suis juste Sgarbi, et non plus le secrétaire d’État à la Culture, a-t-il déclaré. Dorénavant, je peux parler librement. »
« Le Mouvement cinq étoiles a exigé la démission de Vittorio Sgarbi, nous avons enfin atteint notre objectif ! […] Ceux qui occupent des postes au sein du gouvernement ne peuvent pas ternir l’image et le prestige de notre pays », a réagi sur Facebook Elisa Scutellà, une parlementaire du Mouvement cinq étoiles.
Parmi ses faits d’armes en tant que secrétaire d’État à la Culture, Vittorio Sgarbi a fait campagne pour que l’entrée dans les musées soit gratuite pour les Italiens et pour réduire la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les importations d’œuvres d’art afin de rendre le pays plus compétitif sur le marché mondial de l’art. Son successeur n’a pas encore été annoncé.