Les architectes suisses Herzog & de Meuron viennent de dévoiler les plans détaillés de leur prochain projet de musée au Moyen-Orient. L’agence bâloise a été chargée par le Qatar de concevoir un nouveau musée à Lusail City (une zone urbaine nouvellement construite au nord de la capitale, Doha), qui abritera la plus importante collection d’art oriental au monde.
Le Lusail Museum est conçu comme « un souk en strates verticales, ou une ville miniature contenue dans un seul bâtiment », selon une note d’intention, qui ajoute que trois sphères se croisant diviseront le bâtiment en deux parties distinctes : l’une ressemblant à une pleine lune, l’autre à un croissant de lune s’enroulant autour d’elle. Le calendrier et le budget du nouveau musée n’ont pas été dévoilés.
Certains espaces de cette institution présenteront des répliques d’importants sites historiques tels que le dôme couvrant le pavillon de la chambre à coucher de Murat III au palais de Topkapi à Istanbul (1579), le dôme de la mosquée Jameh à Natanz (1320), la fontaine d’ablution dans la cour de la mosquée Ibn Touloun au Caire (1296) et le dôme Aljaferia à Saragosse (1050).
Le Lusail Museum, situé sur l’île d’Al Maha, « abritera la plus importante collection de peintures et de photographies orientalistes au monde », selon un ouvrage publié à l’occasion de la Coupe du monde de football de 2022 et intitulé The Power of Culture (Le pouvoir de la culture) : « Agissant comme un think tank central… et contribuant au discours sur l’état du monde arabe aujourd’hui, il sera en adéquation avec la politique étrangère de longue date du Qatar, qui consiste à faire entendre la voix des Arabes et à défendre leurs valeurs ».
Herzog & de Meuron ont conçu certains des musées les plus importants au monde, notamment la Tate Modern à Londres et le M+ à Hongkong. Le Lusail Museum est la dernière grande institution culturelle en date au Qatar, qui souhaite devenir une capitale artistique de premier plan dans la région.
La pétromonarchie a en effet renforcé son offre culturelle au cours des deux dernières décennies, en se lançant dans un programme extrêmement ambitieux de musées, sous la direction de la présidente de Qatar Museums, Sheikha Al-Mayassa, également sœur de l’émir du Qatar, Tamim bin Hamad Al Thani. Ce dernier vient tout juste d’effectuer sa première visite d’État à Paris, les 27 et 28 février 2024. La France et le Qatar ont à cette occasion annoncé la relance de leurs relations culturelles. La ministre de la Culture, Rachida Dati, devrait prochainement se rendre à Doha. L’architecte français Jean Nouvel a déjà conçu le Musée national du Qatar, qui a ouvert ses portes en 2019. Le bâtiment, dont l’esthétique est inspirée de la rose du désert, est devenu l’un des lieux iconiques de la région.
Parmi les autres projets en cours du plan directeur des musées du Qatar figure le Art Mill Museum. Occupant une ancienne minoterie sur un site en bord de mer, à proximité du musée d’art islamique de l’architecte Ieoh Ming Pei, il abritera « une collection internationale d’art moderne et contemporain sous toutes ses formes », selon l’ouvrage The Power of Culture déjà cité. Le musée, conçu par l’agence chilienne Elemental d’Alejandro Aravena, figure émergente de l’architecture contemporaine, abritera « des collections exceptionnelles commencées il y a 40 ans comportant des œuvres multidisciplinaires d’une grande diversité, datant de 1850 à nos jours », précise un communiqué en ligne.
« Premier musée du monde arabe à disposer d’une collection nationale d’art moderne international, il s’inscrit dans l’héritage d’une culture millénaire tout en représentant des œuvres d’art du monde entier », a expliqué en 2022 la directrice de la Fondation Giacometti, Catherine Grenier, conservatrice responsable du projet. Les détails du programme et des acquisitions seront annoncés ultérieurement.
Le Qatar est en compétition avec d’autres pays de la région pour devenir le principal centre culturel du Moyen-Orient. L’Arabie saoudite voisine a lancé une vague de nouveaux projets, tels qu’un musée d’art contemporain prévu dans la région d’AlUla, au nord-ouest du pays, conseillé par Iwona Blazwick, ancienne directrice de la Whitechapel Gallery, et s’appuyant sur l’expertise du Centre Pompidou.