Une structure circulaire en pierre située au Pérou est l’un des plus anciens agencements mégalithiques connus du continent américain, viennent de révéler des archéologues. Situé sur le site archéologique de Callacpuma, à 550 kilomètres au nord de Lima, l’alignement a été construit il y a environ 4 750 ans et pourrait avoir eu une fonction cérémonielle.
« J’ai été très surpris lorsque nous avons identifié cette structure mégalithique circulaire, a déclaré Jason Toohey, archéologue spécialisé en anthropologie à l’université du Wyoming à Laramie (États-Unis) et codirecteur des fouilles archéologiques de Callacpuma. Bien que d’autres constructions circulaires aient été découvertes dans différentes zones de la côte et des hauts plateaux péruviens, aucune n’avait été identifiée dans cette région du Pérou. De plus, la technique utilisée pour construire l’alignement de Callacpuma est différente de celle des autres structures circulaires de l’époque. »
L’équipe a commencé à fouiller ces vestiges en 2018. Ses travaux ont révélé qu’elle était formée de deux cercles de pierres concentriques, d’un diamètre extérieur de 18 mètres. Les anciens bâtisseurs ont placé chaque pierre mégalithique à la verticale, à proximité l’une de l’autre, sans utiliser de mortier, contrairement à de nombreuses autres constructions andines de la même période, réalisées avec des murs en maçonnerie de pierre. Selon l’article publié dans la revue Science Advances, il est possible que l’espace ait été fermé de manière rituelle entre 500 et 200 avant notre ère.
« La population locale connaît l’existence de cette structure circulaire depuis de très nombreuses années, explique Jason Toohey. En ce sens, nous ne l’avons pas découverte, mais nous sommes le premier projet archéologique à étudier systématiquement la structure mégalithique par le biais d’une cartographie et de fouilles approfondies. »
En datant au carbone 14 des échantillons de charbon de bois recueillis pendant les fouilles, l’équipe a révélé que l’alignement avait été construit environ un siècle avant la grande pyramide de Gizeh, en Égypte, et à peu près à la même époque que Stonehenge au Royaume-Uni. « La structure de Callacpuma n’est certainement pas le plus ancien exemple connu de mégalithiques circulaires dans les Andes, mais elle compte parmi les plus anciennes (datant d’environ 2 750 avant notre ère), appartenant à une tradition qui s’est ensuite poursuivie pendant environ 2 000 ans », explique Jason Toohey.
Les habitants des Andes ont construit des ensembles monumentaux circulaires entre 3 100 et 800 avant notre ère, dont au moins une centaine le long de la côte centrale du Pérou et quelques-uns dans les montagnes. Bien que différente dans sa technique de construction, la structure de Callacpuma indique aujourd’hui que de tels monuments ont aussi été élevés dans les Andes septentrionales à une date précoce, explique Jason Toohey.
Les archéologues ne connaissent pas exactement la fonction de ces élévations circulaires, mais il s’agissait probablement des premières structures communautaires. « Cet alignement a été construit à une époque, dans les Andes septentrionales, où le mode de vie des populations locales était encore relativement nomade – une époque où les gens commençaient tout juste à expérimenter l’agriculture », explique Jason Toohey. Il est possible que différents groupes locaux se soient unis pour construire cet ensemble mégalithique.
« Les monuments de ce type ont pu servir à délimiter des territoires fertiles ou des pâturages, par exemple, explique Jason Toohey. Au fur et à mesure que les gens se sédentarisaient, rendre ces prétentions très visibles a pu s’avérer de plus en plus important. La tenue d’événements sur des espaces comme celui-ci peut également avoir contribué à forger des identités sociales et collectives locales, en liant les gens à un lieu. »
Les recherches futures tenteront de comprendre les raisons pour lesquelles les anciens peuples des Andes ont construit ces mégalithes. « Je suis vraiment fasciné par la question de déterminer pourquoi ces personnes se réunissaient et se donnaient tant de mal pour construire ces monuments, explique Jason Toohey. Les gens ont-ils été incités à le faire par des chefs ambitieux et audacieux ou, tout aussi probablement, différents peuples se sont-ils associés de manière beaucoup plus collective pour créer ces monuments ? C’est une question qui me stimule pour les années à venir. »