Reporter un événement majeur quelques semaines seulement avant son ouverture n’est pas chose courante. Le 24 avril, Khady Diène Gaye, ministre sénégalais de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, a pourtant annoncé le report de l’édition 2024 de la Biennale de Dakar, qui devait se dérouler du 16 mai au 16 juin. Placée sous le commissariat de la Franco-Sénégalaise Salimata Diop, la manifestation est décalée du 7 novembre au 7 décembre, à un moment déjà dense en événements. La 15e Biennale de l’art africain contemporain s’ouvrira ainsi au moment de la tenue de Paris Photo, qui retrouvera le Grand Palais du 7 au 10 novembre.
Même si son officialisation intervient à la dernière minute, ce changement de date n’est pas à proprement parler une surprise. Le pays a été le théâtre ces derniers mois de nombreuses manifestations d’opposition au président sortant Macky Sall, arrivé à la présidence de la République en 2012. Après que sa décision de reporter les élections présidentielles a été invalidée par Conseil constitutionnel, le scrutin s’est finalement déroulé le 24 mars et a vu l’élection au premier tour de l’opposant Bassirou Diomaye Faye. Ce dernier a été investi le 2 avril 2024. C’est donc son nouveau gouvernement qui vient de prendre cette décision, conséquence des retards pris par la Biennale dans son organisation. Certaines sources parlaient en effet récemment de problèmes financiers conduisant à la non-organisation des transports, et empêchant le début de l’installation. Selon Radio France Internationale, « les deux derniers versements qui devaient être faits par l’État, et ce, avant la présidentielle, n’ont pas été honorés ». « Sur le budget de 1,5 milliard de francs CFA prévu par l’État (environ 2 millions d’euros), moins d’un tiers serait actuellement disponible », indique RFI, citant un membre du comité d’organisation.
Malgré ce changement de dates, Khady Diène Gaye s’est voulu rassurant. « Ce report, par-delà les contraintes et les aléas induits par le contexte national et international, tient à la volonté des nouvelles autorités en charge du secteur d’organiser la Biennale dans des conditions optimales, à la hauteur de son envergure et de sa réputation de rendez-vous historique des amateurs d’art du monde », a précisé le ministre. Et de poursuivre : « Le Gouvernement, à travers le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, réaffirme son engagement en faveur des arts et de la culture et marque sa profonde et inébranlable volonté d’offrir une expérience artistique exceptionnelle qui célèbre la créativité, la diversité et le dialogue ».
Reste que la Biennale de Dakar est aussi très réputée pour son « off », événements qui ont été calés sur les dates initiales de l’événement. Nombre d’entre eux ont décidé de maintenir leurs expositions et c’est tant mieux, puisque certaines personnes venant de l’étranger sont aujourd’hui dans l’impossibilité d’annuler leurs voyages à Dakar…