Une géologue américaine affirme avoir percé l’un des plus grands mystères de l’histoire de l’art : la localisation du paysage présent derrière La Joconde de Léonard de Vinci. Ann Pizzorusso, qui déclare sur Internet avoir travaillé dans « le forage pétrolier et la recherche de pierres précieuses », pense que le paysage brumeux derrière l’énigmatique Mona Lisa s’inspire de la ville de Lecco, dans le nord de l’Italie.
Lors d’une conférence sur la géologie qui s’est tenue récemment à Lecco, Ann Pizzorusso a déclaré qu’elle avait identifié les sommets des Alpes qui surplombent la ville comme un élément clé de l’arrière-plan du tableau le plus célèbre du monde, conservé au Louvre à Paris.
Selon le Guardian, Ann Pizzorusso estime que le pont représenté sur le tableau, la chaîne de montagnes et le lac de La Joconde correspondent au pont Azzone Visconti de Lecco datant du XIVe siècle, aux Alpes qui surplombent la région et au lac Garlate, que Léonard aurait visité il y a 500 ans. Pour étayer son propos, elle a retracé le parcours de Léonard de Vinci à travers le nord de l’Italie en utilisant ses propres notes de terrain.
Ann Pizzorusso a déjà étudié les représentations géologiques dans l’œuvre de Léonard de Vinci. Elle a présenté les résultats de ses recherches dans son livre Geologic Representations in the Virgin and Child with St. Anne (2021) et dans l’article scientifique Leonardo’s Geology : The Authenticity of the Virgin of the Rock (2017).
L’historien de l’art britannique et spécialiste de Léonard Martin Kemp a toutefois écarté cette hypothèse. Sur la plateforme d’information CBS, il a réfuté l’idée que Léonard peignait des « paysages spécifiques et identifiables ». « Il [Léonard] regarde des choses réelles avec une intensité incroyable, mais il les refait ensuite en peinture, a-t-il précisé. Les raisons pour lesquelles il devrait représenter un paysage d’Albinor, un paysage d’Arezzo ou un paysage d’un autre endroit n’est pas du tout claire. »
Francesca Fiorani, professeure d’histoire de l’art à l’université de Virginie, partage le point de vue de Martin Kemp. « Léonard a étudié la nature, les montagnes, les rivières, les rochers avec beaucoup d’attention et un œil incroyablement vif, et cette connaissance nourrit son œuvre, mais les paysages de sa peinture, y compris celui de La Joconde, sont sa représentation imaginaire personnelle de la nature, et non des copies de paysages réels. Prétendre le contraire, c’est ne pas comprendre comment fonctionnait l’esprit de Léonard et comment il peignait », explique-t-elle à The Art Newspaper. Vincent Delieuvin, conservateur en chef des peintures italiennes du XVIe siècle au musée du Louvre, s’est refusé à tout commentaire.
D’autres théories ont été émises sur la mystérieuse mise en scène. Dans un ouvrage de 2013 intitulé Codice P (Code P), la géomorphologue Olivia Nesci de l’université d’Urbino et l’artiste Rosetta Borchia affirment que le paysage est celui du Montefeltro, vu depuis les hauteurs de la vallée de Valmarecchia, en Italie.
L’année dernière, l’historien de l’art Silvano Vinceti a suggéré que le pont représenté dans la peinture du XVIe siècle était le pont Romito, qui enjambait l’Arno dans le village de Laterina, en Toscane.