La Fondation et Collection Emil G. Bührle, dont des œuvres sont actuellement en dépôt dans la récente extension du Kunsthaus de Zurich, a déclaré qu’elle avait l’intention de trouver un accord avec les héritiers des anciens propriétaires juifs de cinq tableaux impressionnistes importants de sa collection.
Le Portrait du sculpteur Louis-Joseph Lebœuf (1863) de Gustave Courbet, une peinture de 1895 de Claude Monet représentant son jardin à Giverny, La vieille tour de Nuenen (1884) de Vincent van Gogh, Le portrait de Georges Henri Manuel (1891) d’Henri de Toulouse-Lautrec et La route montante (1884) de Paul Gauguin seront retirés des salles du Kunsthaus, a annoncé la Fondation et Collection Emil G. Bührle dans un communiqué.
La fondation a précisé que sa décision n’était pas fondée sur de nouvelles recherches, mais sur la récente actualisation des recommandations internationales concernant le traitement des œuvres d’art confisquées en raison des persécutions nazies, qui ont été annoncées en mars de cette année et ont été approuvées par 25 pays, dont la Suisse. Ces nouvelles « Meilleures pratiques pour les principes de Washington sur les œuvres confisquées par les nazis » s’appuient sur les principes de Washington de 1998 et clarifient les ambiguïtés qui ont donné lieu à des litiges.
« La fondation s’efforce de trouver une solution juste et équitable pour ces œuvres avec les héritiers légaux des anciens propriétaires, conformément aux meilleures pratiques », a déclaré l’entité.
Pour un sixième tableau, La sultane (1871) d’Édouard Manet, la fondation a déclaré qu’elle chercherait un « règlement symbolique » avec les héritiers du collectionneur d’art juif Max Silberberg, même si les circonstances de sa vente ne relèvent pas, selon la fondation, des critères énoncés dans les nouvelles Meilleures pratiques.
L’ouverture de la nouvelle extension du Kunsthaus de Zurich pour exposer la collection Bührle en 2021 avait suscité un tollé. Emil Bührle, l’un des principaux mécènes du musée, était également un marchand d’armes qui a vendu des canons antiaériens à l’Allemagne nazie, a employé des ouvriers réduits en esclavage et est connu pour avoir acquis des œuvres d’art spoliées par les nazis. Les critiques ont estimé que le Kunsthaus n’aurait jamais dû exposer cette collection et ont accusé la fondation de masquer la provenance de certaines peintures.
Le Kunsthaus de Zurich a déclaré dans un communiqué qu’il se félicitait de l’annonce de la fondation, qui s’inscrit dans le cadre de sa nouvelle politique en matière de provenance. La fondation, a-t-il ajouté, « agit de manière appropriée et conforme à la convention de subvention avec la Ville de Zurich et aux conditions du contrat de prêt ».
L’annonce de la fondation intervient deux semaines avant la publication d’une étude indépendante concernant ses recherches sur la provenance, menée par Raphael Gross, président de la Fondation du Deutsches Historisches Museum (Musée de l’histoire allemande), à la demande de la Ville et du canton de Zurich et des administrateurs du Kunsthaus.