Pour cette édition 2024, le musée du quai Branly – Jacques Chirac a remis son Prix pour la photographie à trois lauréats et décerné une mention spéciale. Créée en 2022, cette distinction s’inscrit dans le sillage de son programme de biennale et de résidences photographiques destinées à soutenir la création contemporaine internationale dans ce médium.
Déjà récipiendaire du prix V & A à Londres, la photographe indienne Priyadarshini Ravichandran, née en 1988 au Tamil Nadu, a retenu l’attention du jury pour son projet intitulé CUSP, décrit comme « une enquête sur le fonctionnement interne du rythme cyclique cosmique dans le corps des femmes et les changements induits en périodes de menstruation ».
A également été récompensé Felipe Romero Beltrán, photographe colombien né en 1992 à Bogotá et installé à Paris. Son travail, qui explore les questions sociales en se basant sur des recherches minutieuses, a notamment été montré dans la section Curiosa de Paris Photo en 2023. Il a précédemment reçu le Kbr PhotoAward à Madrid, le GetxoPhoto Award en 2020 et le Madrid Photobook Prize la même année. Il a été récompensé pour son projet Páramo : Familia, qui documente des souvenirs familiaux dans la Colombie des années 1970, marquée par le déplacement de plus de 70 % de la population rurale vers les villes dans un contexte de conflit entre l’armée et la guérilla.
Julie Gough, artiste et chercheuse australienne, travaille depuis 2018 au Tasmanian Museum and Art Gallery, à Nipaluna/Hobart, en tant que conservatrice de l’art et de la culture des Premiers Peuples. Elle a précédemment été conservatrice en art indigène à la National Gallery of Victoria (2002-2004) et chargée de cours en études aborigènes à Riawunna, au Centre d’études aborigènes de l’université de Tasmanie (2002-2003). Depuis 1993, elle a participé à plus de 200 expositions collectives et individuelles.
Son projet The search présente une série de photographies et vidéos explorant son processus de recherche et de découverte des objets culturels tasmaniens conservés dans diverses collections – notamment en France, en Europe et au Royaume-Uni. Dans les collections du musée du quai Branly – Jacques Chirac, elle s’est plus particulièrement intéressée aux photographies de bustes de personnes aborigènes de Tasmanie, réalisées au XIXe siècle par Jacques-Philippe Potteau.
« Je me considère comme une détective et je pense qu’une grande partie du monde est fermée ou mystérieuse, dissimulant ou retenant des informations ou des objets, explique-t-elle. C’est probablement l’état d’esprit de tous les membres des premières nations qui ont été colonisées. Ma perspective et ma méthode consistent donc à regarder tout autour de moi, derrière, et en dessous, pour voir si quelque chose est caché, pour essayer de définir, de nommer et de situer ce qui est invisible et absent. La recherche est permanente et le travail consiste à donner un sens à la confusion dont nous avons hérité. »
Enfin, les jurés ont décerné une mention spéciale à Senami Donoumassou (Bénin).
Depuis son lancement en 2008, le programme de résidences du musée du quai Branly – Jacques Chirac a permis d’intégrer 44 travaux photographiques, soit plus de 690 tirages, aux collections publiques nationales. En 2022, le programme a été rebaptisé Prix pour la photographie du musée du quai Branly – Jacques Chirac. Sa dotation, qui intègre les droits d’auteur pour l’entrée de l’œuvre dans les collections, s’élève à 30 000 euros pour chacun des trois lauréats. Après un appel à candidature, la sélection annuelle est réalisée par un jury international.
Le jury 2024 était composé de : Diane Dufour, directrice du Bal, à Paris ; Julien Frydman, éditeur, co-fondateur et directeur artistique de la foire Offscreen – installations, images fixes et en mouvement ; Katia Kameli, artiste et réalisatrice ; Thyago Nogueira, curateur à l’Instituto Moreira Salles (São Paulo) ; Holly Roussell, commissaire d’exposition, muséologue et historienne de l’art. Et pour le musée du quai Branly – Jacques Chirac : Emmanuel Kasarhérou, président ; Christine Drouin, directrice du développement culturel ; Anne-Solène Rolland, directrice du département du Patrimoine et des Collections ; Christine Barthe, responsable de l’Unité patrimoniale des collections Photographies ; Annabelle Lacour, responsable des collections Photographies.