Le 27 juin 2024, à 18 h 30, l’association des Amis des Beaux-Arts de Paris a décerné sept prix à autant d’artistes issus de l’École. La cérémonie s’est déroulée dans le jardin de l’hôtel de Chimay, en présence d’Alexia Fabre, directrice de l’École des Beaux-Arts de Paris, d’agnès b., fondatrice et présidente de l’association, et de Catherine Hellier du Verneuil, membre du bureau des amis des Beaux-Arts depuis quatorze ans, responsable des prix, des mécènes et de l’organisation. Les sept artistes récompensés sont Elias Loudiyi, Thomas Buswell, Timothée Gruel, Maria Adjovi, Libo Wei, Alexandre Nitzsche Cysne et Leto William.
Elias Loudiyi est lauréat du prix agnès b. Il est étudiant en 3e année dans l’atelier Blanckart. Il travaille au fusain et au pastel gras et privilégie les grands formats. Il utilise la réserve de la toile, de jute ou de lin, comme une couleur à part entière. Elias Loudiyi « peint le souvenir, l’empreinte et la mémoire » à partir de photos de famille.
Thomas Buswell est lauréat du prix Thaddaeus Ropac. Il est en 5e année dans l’atelier Trouvé. « Les formes que je propose croissent sur un terrain de réflexions confrontant l'"hubris" humain (soit le désir de s’affranchir de notre condition), le progrès technique, le confort moderne et le soin hospitalier à des éléments extrêmement terrestres, tels que le compost, la boue, les gestes simples, et un rapport aux corps (humain, animal) comme puissance sensorielle », précise l'artiste. Il propose aussi des œuvres qui impliquent le spectateur.
Timothée Gruel est lauréat du prix du portrait Bertrand de Demandolx-Dedons. Il est en 5e année dans l’atelier Eitel. Réalisées à partir de ses souvenirs, d’après des modèles vivants ou d’après des photographies, les « figures peintes deviennent des personnages pris dans des scènes où la tension s’immisce : regards soutenus, éclats de rire, accidents, parfois violence ». Ses compositions « traduisent sa volonté de faire du portrait un jeu qui se suffit à lui-même, comme l’intrigue d’une pièce de théâtre ».
Maria Adjovi est lauréate du prix Weil. Elle est en 3e année dans l’atelier Eitel et « base son travail sur une construction narrative nourrie par des histoires intimes, des textes et des rencontres qui se connectent à elle. Elle se laisse aussi guider par la morale de vie, presque comme un fardeau de l’existence humaine ». La peintre emprunte aux codes religieux pour écrire son propre langage pictural. Maria Adjovi procède par « effacement-recommencement, jusqu’à ce que cela reste ».
Libo Wei est lauréat du prix Khalil de Chazournes. Il est en 5e année dans les ateliers Trouvé, Halilaj et Urbano. Il concentre sa pratique principalement sur la sculpture et l’installation, utilisant le bois et la céramique comme matériaux. Ses œuvres « parlent de souvenirs d’enfance et de famille, de la temporalité des objets quotidiens et des conflits entre l’individu et la terre ». Empreint de naïveté enfantine, Libo Wei adopte un regard « combinant des éléments marqués par le temps avec des objets soigneusement fabriqués par ses soins selon des savoir-faire traditionnels ».
Alexandre Nitzsche Cysne est lauréat du prix de Baudry d’Asson. Il est en 5e année dans l’atelier Trouvé. L’artiste base sa pratique sur « des piliers poétiques émergeant de sa recherche en archéologie urbaine. Il explore la possibilité de révéler ce qui reste à partir de la récupération et de gestes minimalistes ». Il se voit comme « un pont entre ces rencontres et ces histoires inconnues tissées dans la trame du quotidien ».
Enfin, Leto William est lauréat du prix des Amis décerné par les adhérents. Il est en 5e année dans l’atelier Vannier et exprime dans son travail le « sentiment d’être dans l’impulsion, dans l’incontrôlable et dans la fatalité de la réitération ». Intéressé par des formes de langages non communicatifs, son travail a débuté « grâce à la poésie sonore et à la performance, et se dirige de plus en plus vers des sonorités sourdes, voire muettes, à travers la peinture, le dessin, la sculpture et l’installation sonore ».
Depuis 2008, l’association des Amis des Beaux-Arts de Paris décerne des prix à des étudiants de 3e et 5e années sélectionnés par un jury composé de professionnels du monde de l’art contemporain. Cette année, les sept prix étaient dotés de 5 000 euros chacun. Six ont été décernés par des mécènes et le septième par les adhérents de l’association, un prix créé en 2019. Le jury était composé lors de cette édition d’Éric Baudart, artiste diplômé des Beaux-Arts de Paris, de Julien Bouharis, de la Galerie Suzanne Tarasieve, d’Elisabeth Couturier, journaliste et critique d’art, de Pascal Neveux, directeur du FRAC Picardie et d’Émilie Villez, commissaire indépendante.
« L’association des Amis des Beaux-Arts distribue des prix qui sont remis par des mécènes, nous confie Catherine Hellier du Verneuil. La sélection des artistes se fait à travers des dossiers déposés au mois de mars par tous les étudiants qui souhaitent participer. Ne peuvent être éligibles que les étudiants de 3e et 5e années, c’est-à-dire ceux qui préparent un diplôme, soit le DLAP ou le DNSAP ». Et de poursuivre : « Une fois les dossiers déposés, ils sont mis sur un drive, donc c’est du numérique. Il y a cinq à six personnes dont trois membres de l’École des Beaux-Arts qui les analysent et les étudient. Cinquante artistes sont sélectionnés pour le deuxième palier. Ces derniers sont mis sur un autre drive et sont proposés au jury complet, soit les sept mécènes en plus des cinq membres du jury qui sont des professionnels et qui changent de manière régulière. Quatorze sont retenus par un système de barème. Ensuite, ces artistes se présentent devant le jury avec leur dossier projeté sur un écran et une discussion libre et ouverte s’installe. Après délibération, les jurés donnent leur avis et les mécènes décident, en fonction de leur sensibilité, à qui ils souhaitent remettre le prix. Nous pouvons recevoir jusqu’à 240 dossiers chaque année ».
« Pour moi les Beaux-Arts sont une île, j’ai toujours dit cela. Une île sur laquelle nous sommes avec l’art et les jeunes artistes, qu’on ne demande qu’à découvrir, pour le meilleur », a de son côté déclaré agnès b., la présidente de l’association.