Bien que l'Ouzbékistan se trouve à des milliers de kilomètres de la Corée, les organisateurs de la prochaine Biennale de Boukhara ont choisi Frieze Seoul (du 4 au 7 septembre) pour annoncer le lancement de la dernière biennale en date en Asie, qui ouvrira ses portes le 5 septembre 2025.
La Biennale de Boukhara est la première grande biennale internationale en Ouzbékistan. Ces dernières années, ce pays d'Asie centrale a été le témoin d'un programme culturel ambitieux mené par l'État et impliquant l'art contemporain, alors que son économie se développe et s'ouvre à l'investissement privé étranger.
À l'avant-garde de cette transformation se trouve Gayane Umerova, originaire d'Ouzbékistan, qui préside la Fondation pour le développement des arts et de la culture en Ouzbékistan (ACDF), une organisation gouvernementale lancée en 2017 – la première du genre dans le pays. L'ACDF organise et finance la biennale, et supervise un certain nombre d'autres projets artistiques importants dans le pays, notamment son prochain musée d'art d'État conçu par Tado Ando et la restauration du Centre d'art contemporain (CCA), tous deux situés dans la capitale, Tachkent.
« La Biennale de Boukhara sera le rassemblement le plus important et le plus diversifié d'artistes et d'artisans en Ouzbékistan à ce jour », se félicite Gayane Umerova. Bien qu'il s'agisse d'un projet distinct des musées à venir, il est « lié par des objectifs similaires », ajoute-t-elle, en « offrant au public local et international des moyens de s'intéresser à l'art et au patrimoine culturel de l'Ouzbékistan, et en créant des cadres et des espaces durables pour préserver les traditions ou élargir l'accès à notre culture ».
Pour expliquer le choix du lieu, Gayane Umerova explique que Boukhara, ville ancienne située au centre du pays, est « un important centre de production le long des routes de la soie : un lieu de connaissances culturelles, religieuses et scientifiques ». En outre, Boukhara « a longtemps été une ville très prestigieuse dans le monde islamique, et la présence de minarets, de monuments historiques, de lieux saints et de madrasas au passé immémorial dans tous les quartiers de la ville reflète cet héritage ». En conséquence, un certain nombre d’œuvres seront présentées lors de la biennale dans des mosquées et des minarets historiques.
L'édition inaugurale de la Biennale de Boukhara s'intitule « Recipes for Broken Hearts » [Recettes pour les cœurs brisés] et est organisée par Diana Campbell, qui est également la commissaire du Dhaka Art Summit. Parmi les artistes internationaux qui participeront à la biennale figurent Antony Gormley, Pakui Hardware, Slavs and Tatars et Himali Singh Soin. Les artistes locaux qui exposeront sont Behzod Boltaev, Gulnoza Irgasheva et Aziza Azim. L'entrée sera gratuite et toutes les nouvelles œuvres seront réalisées en Ouzbékistan.
Le concept de « Recipes for Broken Hearts » découle d'une légende locale bien connue selon laquelle la recette du palov, le plat de riz emblématique de l'Ouzbékistan, a été inventée pour réparer le cœur brisé d'un prince qui n'avait pas pu épouser la fille d'un artisan. La nourriture sera donc au cœur de la première édition de la biennale, qui verra des chefs ouzbeks et internationaux cuisiner sur place. L'exposition interdisciplinaire vise à « dépasser les notions traditionnelles d'une biennale d'art » et prendra la forme d'un « festin élargi » pour « explorer le pouvoir curatif de l'art et de la culture à travers la participation communautaire », ainsi que le rôle de Boukhara dans le commerce des épices, explique Diana Campbell dans un communiqué.
La biennale sera également le premier événement organisé dans le centre historique rénové de Boukhara, qui fait l'objet d'un projet de conservation majeur sous la direction de l'architecte Wael Al Alwar et de son studio waiwai.