Les visiteurs de la cité médiévale de Carcassonne, située au sommet d’une colline dans le département de l’Aude, dans le sud-ouest de la France, peuvent, à partir d’aujourd’hui 13 septembre, parcourir un circuit complet de 1,3 kilomètre sur les remparts supérieurs, ce qui n’était plus possible depuis des siècles. Ce tour a été ouvert grâce à un programme de restauration qui a duré 31 mois et a bénéficié d’un budget de 5,6 millions d’euros, et a été conduit par le Centre des monuments nationaux, l’établissement public chargé du patrimoine national.
Le circuit offre un panorama à 360 degrés de la ville médiévale qui remonte au XIIIe siècle. Apparaissent son château aux multiples tours, sa cathédrale qui s’élève au-dessus d’un enchevêtrement de toits de tuiles romanes et, à ses pieds, la vallée de l’Aude, délimitée par les Montagnes Noires à l’horizon au nord.
La restauration a permis la réfection et la consolidation de 300 mètres de la courtine intérieure orientale ainsi que des tours de guet. Sur un coût total de 5,6 millions d’euros, 4,5 millions d’euros proviennent de subventions versées dans le cadre du plan de relance mis en place par le gouvernement français après la pandémie de Covid-19. Ces travaux font suite à la restauration des fortifications gallo-romaines du nord, moins délabrées, en 2008, et de la muraille médiévale située de l’ouest en 2015.
« On pourrait penser que 300 mètres, c’est peu, mais cela comprend neuf tours, toutes construites en grès friable, dont une grande partie a dû être remplacée, ainsi qu’un nouveau plancher en chêne dans toutes les tours », nous a déclaré Franck Doucet, administrateur du château comtal et des remparts de la Cité de Carcassonne.
« Symboliquement, c’est important. C’est certainement le plus grand projet de restauration ici depuis celui d’Eugène Viollet-le-Duc », poursuit-il, faisant référence à l’architecte qui a entrepris une reconstruction complète de la ville en 1844.
Guidé par son ami l’écrivain et historien Prosper Mérimée, Viollet-le-Duc a transformé une ruine délabrée et largement abandonnée en un archétype idéalisé tout droit sorti des pages d’un livre d’heures du XIIIe siècle.
Bien que les puristes aient critiqué certaines fioritures romantiques – un pont-levis qui n’existait pas à l’origine, un mauvais type de tuiles sur les toits –, sa vision a conduit à l’inscription du site sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 1979.
Avec un patrimoine archéologique et architectural datant de plus de 2 000 ans et des liens culturels allant des Cathares au XIIIe siècle et de la croisade des Albigeois aux romans languedociens actuels de la romancière britannique Kate Mosse, Carcassonne est devenue l’une des principales destinations touristiques de France, accueillant environ 700 000 visiteurs par an.
« Les remparts, les tours, le château, la cathédrale, constituent un ensemble unique dans un cadre exceptionnel », explique Franck Doucet. C’est un site, selon lui, comparable au Mont-Saint-Michel, en Normandie, un lieu à l’identité médiévale unique et globale.