La Villa Albertine, en collaboration avec le Centre Pompidou à Paris et avec le soutien du mécénat d’AXA, renouvelle pour la seconde année sa résidence collective et pluridisciplinaire à Marfa, au Texas. Jean-Baptiste Del Amo, Adèle Humbert, Alice Loumeau, Josefina Paz et Grégoire Schaller ont été sélectionnés pour participer à cette résidence, du 2 octobre au 2 novembre 2024.
Le programme « Habiter le désert » est conçu avec la collaboration de Mathieu Potte-Bonneville, philosophe et directeur du département Culture et Création du Centre Pompidou, où il conduit depuis 2020 le programme Planétarium, « dédié à croiser les regards d’artistes et de chercheurs sur les transformations de notre expérience planétaire ».
Le paysage désertique de Marfa, situé à l’extrême ouest du Texas, à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, est inscrit sur la carte du monde de l’art depuis que le sculpteur minimaliste américain Donald Judd y a créé, à partir de 1971, un musée à ciel ouvert dans une ancienne base militaire.
En outre, à Marfa « se croisent diverses histoires de migration et dynamiques écologiques en évolution, précise la Villa Albertine. Dans ce cadre, les artistes et les intellectuels peuvent réfléchir collectivement aux défis écologiques et migratoires liés à la préservation d’un monde habitable et à notre lien avec les environnements qui nous entourent. »
Jean-Baptiste Del Amo, auteur d’Une éducation libertine (Prix Goncourt du premier roman en 2009) et Animalia (Prix du Livre Inter en 2017), a signé des tribunes sur le changement climatique et les droits des animaux. Il a été résident à la Villa Médicis à Rome (2010) et à la Villa Kujoyama à Kyoto (2015). À Marfa, il entend « explorer, à travers le texte et la photographie, la façon dont un territoire détermine une mémoire collective et individuelle, en particulier lorsque celui-ci héberge une biodiversité menacée. La question de la migration sera aussi au centre de son questionnement. Comment la perception d’un territoire traversé par des flux migratoires évolue-t-elle ? Le texte et l’image peuvent-ils saisir ou présager quelque chose d’un imaginaire en train de se construire ? »
Adèle Humbert, productrice de podcasts et journaliste d’investigation, « souhaite poursuivre ses recherches sur les défis migratoires liés au genre dans le désert du Chihuahua et veut comprendre les controverses qui pèsent sur l’aide humanitaire des bénévoles et des habitants de Marfa. Depuis l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour Suprême, elle s’intéresse aussi particulièrement à l’impact des politiques migratoires sur la protection des Américaines qui cherchent à avorter. »
Alice Loumeau, architecte, artiste et cartographe, explore les territoires en mutation de l’Anthropocène. En 2021, elle a participé au SPEAP (Sciences Po École des Arts Politiques) à Sciences Po Paris. Elle a travaillé comme architecte à Rotterdam (à l’agence OMA de Rem Koolhaas), Paris et Londres. Elle a effectué une résidence à la Villa Médicis à Rome (2022) et participé à la Biennale d’architecture de Venise (2022). Son projet à Marfa consiste en une « investigation cartographique et visuelle visant à représenter les différents habitants et usagers du désert ».
Artiste et chercheuse, Josefina Paz utilise divers médias et imagine des fictions poétiques pour « mettre en évidence les expériences et les réalités subjectives, précaires et instables des frontières ». Son projet, intitulé Soundings of the Chihuahuan Desert, « vise à retracer, à travers une approche fondée sur le son et la musique, les parcours migratoires des êtres vivants sur ce territoire ».
Grégoire Schaller est chorégraphe, plasticien et chercheur en esthétique. Ses œuvres ont été présentées au musée d’Art moderne de Paris, au Centre Pompidou ou encore au Palais de Tokyo. Son projet Voices from the void « combinera un travail de recherche, la collecte de témoignages de terrain et un travail de création chorégraphique sur les populations locales et leur rapport au désert, à la solitude ou encore à l’exploitation de l’environnement ».
Les cinq finalistes ont été sélectionnés par un jury franco-américain présidé par Judith Roze, directrice adjointe de la Villa Albertine, et composé de Bettina Gardelles, directrice de la Villa Albertine à Houston ; Jim Martinez, président du Chihuahuan Desert Research Institute ; Jeff Matheis, responsable des programmes et des services pour les visiteurs à la Judd Foundation ; Lina Pamart, coordinatrice générale des résidences de la Villa Albertine ; Mathieu Potte-Bonneville, directeur du département Culture et création au Centre Pompidou.
La résidence collective « Habiter le désert » à Marfa est conçue en collaboration avec la chaire « Sous Le Paysage », animée par Fieldwork Marfa, l’École des beaux-arts de Nantes Saint-Nazaire, l’Atelier de Sèvres, Nantes-Université, et présidée par l’artiste Fabrice Hyber.