Les Jeux olympiques et paralympiques terminés, c’est à un tout autre « sport » que vont se livrer les collectionneurs sous la verrière du Grand Palais remis à neuf. Là où se sont notamment déroulés, cet été, des tournois d’escrime, ils croiseront le fer pour remporter les œuvres les plus désirables apportées par quelque 195 galeries (10 d’entre elles se partageant un stand pour deux) issues de 42 pays et territoires. Car collectionner à un haut niveau est aussi une compétition...
Un changement de format
Après deux éditions au Grand Palais éphémère sous le nom provisoire de Paris+, la Foire helvético-américaine s’installe donc du 18 au 20 octobre 2024 (avec deux jours de vernissage les 16 et 17) dans ce bâtiment emblématique parisien. Tout un symbole. C’est la première foire à étrenner les lieux après trois années de travaux. Comparé au Grand Palais éphémère, le changement de format est notable. En regard de feu la Fiac, il est plus limité. « Le volume en tant que tel est semblable à celui de la Fiac. Les améliorations des conditions d’accès, tels les ascenseurs ou sorties de secours, pèsent cependant sur l’espace disponible », confie Clément Delépine, directeur d’Art Basel Paris. Le nombre d’exposants est aussi équivalent à l’édition 2019 de l’ancien événement, de même que la taille des stands : 77 m2 (contre 66 m2 au Grand Palais éphémère) pour les plus grands dans l’allée des très gros marchands, celle de Hauser & Wirth, David Zwirner, Perrotin, Mennour... D’ailleurs, les mégagaleries sont au rendez-vous avec également Gagosian, White Cube, Thaddaeus Ropac, Pace Gallery, Lévy Gorvy Dayan, Almine Rech... Le secteur Emergence, réservé à la jeune garde, se déploie quant à lui sur les balcons, tandis que le salon d’honneur, en étage, accueille des enseignes confirmées.
Sur les 195 exposants, « un quart sont des galeries françaises », précise Clément Delépine. La Foire s’étoffe d’environ 40 galeries, en comparaison du Grand Palais Éphémère. Quelque 26 enseignes participent pour la première fois à la section principale, dont Athr (Djeddah, Al-’Ula, Riyad) ; Di Donna (New York) ; Goodman (Le Cap, Johannesbourg, Londres) ; Labor (Mexico) ; Casey Kaplan (New York) ; Kiang Malingue (Hong Kong) ; Prats Nogueras Blanchard (Madrid, Barcelone); The Modern Institute (Glasgow) ; Sprovieri (Londres) ; et Standard (Oslo). Parmi les 16 stands du secteur Emergence se trouvent 14 primo-exposants, dont Exo Exo (Paris) ; Kayokoyuki (Tokyo) ; Piktogram (Varsovie) ; Whatiftheworld (Le Cap) ; What Pipeline (Detroit) ; PM8/Francisco Salas (Vigo) ; ou Fanta-MLN (Milan). Soit une nette ouverture internationale aux divers courants actuels. « Le moment est propice à la réécriture des canons de l’art, comme on l’a vu notamment à la Biennale de Venise ou à la Documenta. Si c’est plutôt le privilège des institutions, le rôle du marché est de rendre compte à l’instant T des différents débats et mouvements en cours dans la création », observe Clément Delépine. « Une foire est un outil du marché, mais produit aussi du discours sur celui-ci. Il nous incombe, à Art Basel, de rendre plus visible le travail d’artistes jusqu’ici invisibles ou sous-évalués, et de témoigner des nouvelles géographies. Une foire est, en plus d’un lieu de transactions, un lieu de rencontres. Les galeries pourraient à la rigueur me pardonner de ne pas vendre, mais pas de ne rencontrer personne ! » ajoute-t-il. Pour lui, Paris en plein dynamisme a également renforcé, ces dernières années, son attractivité auprès des marchands de toutes catégories...
Cap sur l'inventivité
Pour l’édition 2024, un nouveau secteur est créé, propre à Art Basel Paris : Premise. Il est dévolu « aux propositions curatoriales atypiques ». Il permet d’intégrer des œuvres datant d’avant 1900. « Nous avions reçu en 2023 des propositions loufoques ou étonnantes, et avons donc voulu créer pour Paris un espace de liberté qui permette de redéfinir les canons », explique le directeur. Deux galeries françaises entrent ainsi à Art Basel Paris avec des propositions assez singulières : Dina Vierny avec un hommage au collectionneur allemand Wilhelm Uhde notamment autour d’œuvres du Douanier Rousseau et de Séraphine Louis ; et Pauline Pavec avec les travaux de Juliette Roche sur les scènes marginales parisiennes. Parmi les autres participants de ce nouveau secteur, citons entre autres l’enseigne brésilienne Nara Roesler, l’allemande Sies + Höke, la catalane Bombon Projects, la londonienne Gallery of Everything ou encore la marocaine Loft Art Gallery.
Enfin, la Foire lance cette année « Oh la la ! ». Un intitulé très frenchy et plutôt drôle qui recouvre une initiative d’Art Basel Paris autour « du souhait d’accompagner les galeries qui réalisent des réaccrochages les vendredi et samedi de la Foire », souligne Clément Delépine. Il s’agit de donner un coup de projecteur sur 31 stands après les deux journées VIP réservées en principe aux plus grands collectionneurs, avec pour ambition de faire revenir les visiteurs des premiers jours. Les œuvres figurant dans cette sélection abordent les thèmes de l’amour, de l’érotisme, l’héritage du surréalisme, de l’identité queer ou encore de l’histoire. Y participent Air de Paris (Romainville) avec Bruno Pélassy et Gaëlle Choisne ; Konrad Fischer (Berlin, Düsseldorf ) avec Marcel Broodthaers et Claes Oldenburg ; anne barrault (Paris) avec Roland Topor ; P420 (Bologne) avec Shafei Xia, Merlin James et Victor Fotso Nyie ; ou encore Casey Kaplan (New York) avec Kevin Beasley. Un panorama de la nouvelle génération et des figures plus historiques... tout un programme !
-
Art Basel Paris, 18-20 octobre 2024, Grand Palais, 3, avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris.